L’échiquier politique tunisien, après avoir connu une grande effervescence post-révolutionnaire, est actuellement dans une phase de recomposition.
Si tous les regards sont actuellement tournés vers les tentatives de construction d’un pôle centriste que nous qualifierons de post-destourien, une inconnue demeure : celle relative à la légalisation du parti Ettahrir.
Lors de la célébration du premier anniversaire de la révolution, le 14 janvier 2012, les partisans et sympathisants de cette mouvance ont souligné leur dynamisme en participant aux divers défilés et manifestations. Ce jour là, ils comptaient parmi les éléments les plus visibles.
Quelques semaines plus tard, les élections égyptiennes révélaient la montée en puissance du parti El Nour, d’obédience salafiste. En effet, les intégristes égyptiens sont désormais au coude à coude avec la mouvance des Frères musulmans.
Cette nouvelle situation pourrait inspirer Ettahrir et pousser ses militants à envisager une participation sous leurs propres couleurs aux prochaines élections. Cette hypothèse pourrait s’avérer et devrait impliquer une nouvelle tentative de légalisation officielle d’Ettahrir.
De fait, les élections du 23 octobre se sont déroulées sans la présence d’Ettahrir, même si le report des voix de ses nombreux partisans a sans doute bénéficié à Ennahdha. Notons aussi que ces élections avaient eu lieu sans les candidatures des membres du gouvernement sortant et, surtout, sans participation destourienne.
Dès lors, allons-nous vers une prochaine légalisation du parti Ettahrir ? Irons-nous plutôt vers une accentuation au sein d’Ennahdha des débats entre les différentes composantes de ce mouvement ? Quelle sera l’attitude du ministère de l’intérieur en cas de démarches nouvelles d’Ettahrir en vue de sa reconnaissance ?
Autant de questions auxquelles il est difficile de répondre à l’heure actuelle, mais qui conditionnent la stabilisation politique en Tunisie.
Pour mémoire, rappelons que Ennahdha avait, sous le nom Mouvement de la Tendance islamique,demande sa légalisation en juin 1981 alors que l’activisme d’Ettahrir en Tunisie date du début de l’année 1983.