Dans les déserts du sud tunisien, un nouvel or blanc attire les convoitises. Ce ne sont ni le pétrole ni le gaz, mais bien les sels, et plus précisément les ressources minérales qu’ils contiennent, qui attisent aujourd’hui l’intérêt de la Chine. Ce regain d’attention s’inscrit dans une stratégie globale de Pékin visant à sécuriser son approvisionnement en matières premières critiques, indispensables à sa transition industrielle et technologique.
La Tunisie dispose d’importants gisements de sels dans les régions de Chott el-Jérid, Tozeur, Kebili et Tataouine. Mais au-delà du sel de cuisine, ces formations salines cachent des ressources précieuses comme le potassium, le bromure, et potentiellement du lithium, composant clé des batteries électriques. Si ces ressources sont encore peu exploitées à grande échelle, plusieurs études géologiques suggèrent un potentiel stratégique, notamment dans les zones désertiques du sud où la présence de saumures profondes pourrait révéler des concentrations intéressantes de minéraux critiques.
La Chine, premier producteur mondial de batteries électriques et leader dans l’industrie des engrais, est confrontée à une compétition croissante pour sécuriser l’accès aux ressources naturelles stratégiques. Face à l’instabilité géopolitique dans certaines zones d’Afrique ou d’Amérique latine, Pékin cherche à diversifier ses approvisionnements et voit en la Tunisie une plateforme stable, proche de l’Europe, offrant un accès à la fois aux marchés africains et méditerranéens.
Un partenariat qui se précise
En mai 2024, lors d’une visite du président Kaïs Saïed à Pékin, les autorités tunisiennes et chinoises ont entériné un partenariat stratégique renforcé, incluant une coopération accrue dans les domaines minier et énergétique. Dans la foulée, plusieurs groupes chinois, dont Asia Potash International Investment, ont manifesté leur intérêt pour investir dans l’extraction et la transformation des ressources salines tunisiennes. Les discussions portent notamment sur l’installation d’unités de production d’engrais phosphatés et potassiques, ainsi que sur l’exploration des ressources en lithium dans le sud.
Au-delà des ressources elles-mêmes, la Tunisie offre à la Chine un avantage logistique de taille. Située à quelques jours de navigation des ports européens, elle représente un hub stratégique potentiel pour exporter les produits finis vers l’Europe tout en réduisant les coûts de transport. La construction envisagée du port en eaux profondes d’Enfidha renforce encore cette attractivité.
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