Alors que l’Institut national de la statistique (INS) a annoncé une baisse du taux d’inflation en Tunisie, passé de 5,9 % à 5,6 %, beaucoup de citoyens affirment ne constater aucun changement dans leurs dépenses quotidiennes. Entre statistiques officielles et réalité du terrain, le fossé se creuse.
« Cette baisse ne signifie rien pour le Tunisien ordinaire », affirme l’économiste Ridha Chkoundali, invité sur les ondes de Jawhara FM. Selon lui, le chiffre publié par l’INS ne reflète en rien la flambée des prix des produits de première nécessité, qui continue de plomber le budget des familles.
Utilisé principalement à des fins macroéconomiques – pour guider les politiques publiques ou négocier avec les institutions internationales –, le taux d’inflation global ne tient pas compte des variations spécifiques touchant les produits de base comme le pain, l’huile, le lait ou les légumes.
« Ce taux est construit sur un panier moyen, qui n’est pas représentatif de ce que consomme réellement un ménage tunisien moyen, surtout ceux des classes populaires », explique Chkoundali. Il appelle ainsi à la mise en place d’un indice alternatif, centré sur l’évolution des prix des produits alimentaires et essentiels, afin de mieux refléter la réalité économique vécue par les citoyens.
Pour appuyer son propos, l’économiste cite un site spécialisé dans le coût de la vie, selon lequel une famille tunisienne de quatre personnes a besoin d’un minimum de 5 592,9 dinars par mois, hors loyer, pour couvrir ses besoins. Un montant largement au-dessus du revenu moyen d’une grande majorité de familles tunisiennes.
Face à cette situation, « la classe moyenne est en train de s’éroder progressivement et glisse vers la précarité », alerte Chkoundali. La stabilité apparente des chiffres cache en réalité une insécurité économique croissante.