MĂŞme petite Ă©conomie, notre pays n’est pas Ă l’abri des chocs. La banque centrale en contrĂ´le, en toute indĂ©pendance, le niveau d’influence en provenance de l’intĂ©rieur comme de l’extĂ©rieur pourtant!
Le dilemme des taux
Responsable de sa politique monĂ©taire, le but de la BCT est de surveiller l’inflation pour la maintenir dans une fourchette raisonnable. Car si elle baisse inconsidĂ©rĂ©ment son taux d’intĂ©rĂŞt, elle sait d’avance que l’injection d’une quantitĂ© supplĂ©mentaire de monnaie va s’abattre sur les actifs disponibles et que le niveau des prix va grimper.
A long terme, par contre, on peut penser que la hausse des prix va permettre Ă la production d’augmenter puisqu’elle sera mieux rĂ©munĂ©rĂ©e. Ce qui va permettre aux entreprises d’investir et de recruter et/ou d’augmenter le niveau des salaires et de lĂ , faire diminuer le chĂ´mage tout en accĂ©dant Ă un palier de vie supĂ©rieur. A terme, cela aboutira Ă un Ă©quilibre du marchĂ©, mĂŞme si un Ă©quilibre n’est jamais acquis.
Si au contraire la BCT dĂ©cide d’augmenter son taux, les mĂ©nages qui ont de l’argent vont prĂ©fĂ©rer les conserver dans une Ă©pargne en banque qui rĂ©munère leur renonciation Ă dĂ©penser. La masse monĂ©taire sera ainsi en partie Ă©pongĂ©e et les prix vont baisser. Les entreprises faisant un chiffre d’affaire en repli vont alors mettre en chĂ´mage et rĂ©duire les salaires. Et ce sera la rĂ©cession avec un niveau de Pib en recul.
Vous comprenez pourquoi il est difficile d’opter uniquement pour un sens ou pour l’autre. Une politique monĂ©taire uniquement expansionniste est nĂ©faste Ă court terme puisqu’elle inonde le marchĂ© en pouvoir d’achat avec toutes les consĂ©quences inflationnistes que cela implique. Mais c’est une Ă©preuve nĂ©cessaire au succès d’une politique Ă moyen /long terme. En revanche, une politique monĂ©taire d’Ă©pongeage de la masse monĂ©taire tue l’Ă©conomie par une thĂ©saurisation excessive et une hausse du coĂ»t de l’argent qui dĂ©courage l’investissement, donc la crĂ©ation de l’emploi.
A mon avis, si il y a un domaine oĂą il faut naviguer Ă vue, c’est bien celui de la politique monĂ©taire. En effet, les donnĂ©es sont dynamiques Ă chaque instant. Le marchĂ© est un organisme vivant, très subtile par les soubresauts qu’il vit Ă l’intĂ©rieur des forces qui l’animent. Ces forces sont des variables sans limites qui Ă©voluent dans le temps et l’espace ou tout s’entremĂŞle Ă l’infini. Depuis la nuit des temps, les thĂ©oriciens ont essayĂ© d’en comprendre les secrets. Qu’il s’appelle Friedman ou Keynes, ou autres Ricardo, nul, Ă ce jour, n’a pu dire de quoi sera fait le marchĂ© Ă un moment prĂ©cis.
Le nécessaire dosage
La solution serait de ne jamais ĂŞtre loin de l’Ă©quilibre du marchĂ©, de naviguer toujours en vue du « trend », Ă travers le nuage d’informations que la physionomie du marchĂ© renvoie Ă chaque instant afin de pouvoir corriger. Car, il suffit d’un seul moment de distraction pour que tout bascule. En 2007… Personne n’avait vu venir la crise!
Pour tout rĂ©sumer, si l’on peut employer la politique monĂ©taire pour stimuler l’activitĂ© en pĂ©riode de rĂ©cession, via une politique expansionniste qui consiste Ă abaisser les rĂ©serves de change et les taux d’intĂ©rĂŞts sur le marchĂ© monĂ©taire, on s’attend gĂ©nĂ©ralement dans ce cas Ă ce que les banques accordent plus facilement et Ă des taux d’intĂ©rĂŞt plus faibles, des crĂ©dits aux opĂ©rateurs. La disponibilitĂ© plus grande et le coĂ»t moindre du crĂ©dit devraient alors stimuler la demande intĂ©rieure, c’est-Ă -dire la consommation et l’investissement Ă moyen/long terme. Mais c’est au risque de l’incontournable souffrance Ă court terme qui bouleverse les donnĂ©es politiques et sociales, comme c’est le cas aujourd’hui.
Il faut savoir que l’idĂ©e, qui a largement dominĂ© les politiques Ă©conomiques de part le monde, est d’assurer une croissance non inflationniste de la masse monĂ©taire, sans chercher Ă utiliser systĂ©matiquement la monnaie comme un instrument de relance de l’économie. Ce rĂ´le est plutĂ´t dĂ©volu, le cas Ă©chĂ©ant, Ă la politique budgĂ©taire, laquelle intervient par des ponctions fiscales ou d’emprunts, dont on connait d’avance la destination et les consĂ©quences.
Pour autant, la politique expansionniste des taux d’intĂ©rĂŞt reste un outil formidable Ă court et moyen terme dans la recherche de l’équilibre et de la stabilitĂ© des prix, tant qu’elle est entre des mains d’artistes, si artistes il y a.