Le député Abdessattar Zarai a ravivé la controverse autour de la polygamie en publiant un nouveau message sur Facebook, au lendemain d’une plénière explosive consacrée au budget du ministère de la Femme.
Dans son intervention comme dans son post, il réclame une révision du Code du statut personnel, accusé selon lui d’avoir « détruit la famille ». Ses propos ont déclenché une vague de réactions, de la ministre Asma Jabri jusqu’à l’UNFT.
Un plaidoyer assumé qui bouscule l’hémicycle et les réseaux
Dans son message, Abdessattar Zarai déroule une vision qu’il présente comme « équilibrée » entre hommes et femmes : une femme « vertueuse » serait « une couronne posée sur [sa] tête », écrit-il, promettant de défendre « la justice et l’égalité réelle ». Le député reproche au CSP d’avoir « lésé » les deux sexes et d’avoir provoqué « l’effritement de la famille ».
Il insiste ensuite sur la polygamie, qu’il décrit comme une « liberté personnelle » que chacun pourrait exercer « dans le cadre licite ». Il va jusqu’à interpeller les femmes qui refusent cette pratique : elles devraient « aimer, soutenir et ne pas menacer avec la pension » en cas de divorce.
Cette prise de position, rare dans le débat public tunisien depuis plusieurs années, prolonge sa sortie de la veille à l’Assemblée, où il avait déjà appelé à reconsidérer les fondements juridiques du CSP devant une salle médusée.
Une riposte immédiate du gouvernement et du mouvement associatif
La ministre de la Femme, Asma Jabri, n’a pas tardé à réagir. Déjà la veille en séance plénière, elle avait opposé une fin de non-recevoir catégorique : « Aucun retour en arrière n’est possible sur les acquis des femmes en Tunisie », avait-elle rappelé, martelant la position de l’État en faveur de la protection et du renforcement des droits des Tunisiennes.
Dans la foulée du post du député, l’UNFT a dénoncé à son tour une polémique jugée « indigne » face aux réalités sociales qui frappent les familles : précarité, violences, déséquilibre économique. Sa présidente, Radhia Jerbi, a fustigé des propos « honteux » et une focalisation qui détourne le débat des urgences du pays.
Entre histoire du CSP et résurgence d’un débat sensible
La sortie de Zarai intervient dans un contexte oĂą le CSP – pilier fondateur de la modernitĂ© tunisienne depuis 1956 – reste au cĹ“ur des dĂ©bats sur les libertĂ©s individuelles. Si certaines voix isolĂ©es Ă©voquent pĂ©riodiquement la polygamie ou la réévaluation de certaines dispositions, aucune formation politique reprĂ©sentĂ©e au Parlement ne porte officiellement ce discours.
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