Vous savez c’est comme ça que cela se passe en finances. Les fonds d’emprunts ne viendront qu’après que tu veuilles bien montrer ce qu’il y a dans tes poches. Autrement dit les fonds propres, car l’adage « on ne prĂŞte qu’aux riches » est un prĂ©alable incontournable. MĂŞme dans la logique religieuse on dira : « aide toi, dieu t’aidera ».
Finalement, le projet complémentaire pour le budget 2012 est arrivé et il prévoit, en tout cas selon la TAP, que conjoncturellement les salariés au sens large (mais je ne sais pas si les retraités en sont concernés, car on les estime à pas moins de 700.000) sont appelés à contribuer à la relance économique, chacun à hauteur de son potentiel.
Ainsi si vous gagnez entre 500dt et 700dt par mois (mais on sait pas si cette base c’est du net ou du brut, car cela fait une sacrĂ©e diffĂ©rence en termes de calcul par palier), l’essentiel c’est que vous ĂŞtes dans la zone oĂą on vous dĂ©duira deux jours de salaire (logiquement brut pour net). De 700 Ă 1000 dinars? Ce sera 3 jours. Mais si vous ĂŞtes du type plus de 1000dt, dans ce cas quatre jours de contribution feront l’affaire.
C’est conjoncturel, donc exceptionnel (Inch’Allah !). Mais c’est un sacrifice incontournable. Sauf que la TroĂŻka ne semble pas vouloir pousser la proportionnelle au-delĂ du niveau de 1000dt. Ce qui veut dire que les salariĂ©s comme certains directeurs de banque et autres sociĂ©tĂ©s, opĂ©rant dans des secteurs tout aussi juteux comme les tĂ©lĂ©communications ou l’Ă©nergie, qui gagnent jusqu’Ă 200, parfois mĂŞme 300 fois le SMIG, vacances aux Seychelles comprises, seront « ponctuĂ©s » selon la mĂŞme proportion c’est-Ă -dire quatre jours (seulement ! ?). Ă€ moins qu’un rĂ©gime plus ciblĂ© ne les attende au tournant. J’ai senti qu’une rumeur dans cette direction Ă©tait en train de se cristalliser. On verra.
Par cette contribution encore une fois conjoncturelle (et donc faut il insister sur son aspect non structurel, car, elle serait permanente dans ce cas), la TroĂŻka souhaite mobiliser quelque 80 millions de dinars sur les 300 millions escomptĂ©s. C’est que le reliquat, c’est-Ă -les dire 220 millions de dinars, affluera Ă partir d’autres niches, que voici :
La première, c’est celle des professionnels des secteurs de l’industrie, du commerce et des services en sus des autres activitĂ©s non commerciales (fonctions libĂ©rales comme architectes, mĂ©decins, avocats…) qui, comme de bien entendu, n’ont pas Ă©tĂ© ignorĂ©es. Ils seront mis Ă contribution Ă hauteur de 15 % du montant de leurs comptes provisionnels dĂ» au titre de l’exercice 2011. Ils rĂ©gleront pas moins de 150 dinars pour commencer en attendant de complĂ©ter le reste. Car, en principe, l’exercice 2010 devrait logiquement, ĂŞtre dĂ©jĂ entièrement rĂ©glĂ©. Sinon c’est une autre histoire que le fisc traite gĂ©nĂ©ralement avec une attention spĂ©cifique.
La deuxième niche de contribution, c’est celle qui opère dans l’agriculture, l’immobilier et les valeurs mobilières qui, comme tout le monde sait, sont des sources de revenus, et pas des moindres. Pour les personnes qui reçoivent des revenus dans ces secteurs, il leur faut contribuer Ă hauteur de 10% de leur revenu imposable, c’est Ă dire une fois que l’ont aura dĂ©duit les frais et charges d’exploitation ayant servis Ă produire lesdits revenus. Si le principe est simple, il se trouve qu’il y a Ă boire et Ă manger dans ce que les contribuables en question prĂ©sentent comme frais d’exploitation. Et de vous Ă moi, dans cet espace il y a Ă©galement toute une niche de corruption potentielle, car il en arrive mĂŞme, ceux qui vous prĂ©sentent une coquille sans presque rien, Ă force de frais de gestion…Toujours est il, le papier de la TAP ne nous renseigne pas sur quel exercice il fallait appliquer la consigne de la TroĂŻka.
La troisième niche enfin, ne concerne plus les personnes physiques qui ont auront suffisamment avec les deux premières niches. C’est que c’est le tour des personnes morales. Toutes, Ă l’exception des entreprises pĂ©trolières qui comme vous le savez, sont Ă©troitement contrĂ´lĂ©es par l’État. Les personnes morales visĂ©es devront contribuer Ă hauteur de 10 % de l’impĂ´t dĂ» sur 2010 sans que ce paiement ne soit en dessous des 1000dt par entreprise. C’est vrai que beaucoup ont Ă©tĂ© ravagĂ©es. Mais c’est Ă©galement vrai que l’État en a dĂ©jĂ dĂ©dommagĂ© beaucoup en 2011et le continue en 2012. C’est vrai aussi qu’il existe plein d’entreprises qui n’ont rien d’une personne morale, mais qu’ils sont « bessif », mĂŞme si elles sont unipersonnelles comme ces SUARL (SociĂ©tĂ©s unipersonnelles Ă responsabilitĂ© limitĂ©e).
Au total quatre niches seront activĂ©es pour ces 300 millions de dinars qui finalement ne reprĂ©sentent que 4,28% d’un montant de fonds complĂ©mentaires dont on a avancĂ© le chiffre de quelques 7 milliards (7000 millions de dinars) que la TroĂŻka en a besoin vital (et je pèse mes mots) pour mener Ă point son programme d’investissement sur 2012. Certains laissent filer l’idĂ©e que ce serait sur la hausse des prix (essence, tabac, Celtia, Morneg, Magon…).
On fait comme on peut. L’essentiel c’est de se mettre sincèrement la main dans la main, travailler et pouvoir sortir notre belle Tunisie de ce merdier dans lequel une bande de voyous nous a enfoncĂ©s jusqu’au cou. Cela ne pourra que rĂ©duire la fracture que vit notre sociĂ©tĂ© et compenser ce peu de cohĂ©sion entre les Tunisiens. Quand bien mĂŞme une partie de nous se serait Ă©garĂ©e jusqu’Ă en perde la raison et jeter par terre le symbole de notre souverainetĂ©.
