La cérémonie de passation entre Habib Essid et son successeur à la tête du gouvernement, Youssef Chahed, ne s’est pas déroulée conformément aux normes ou du moins selon les conventions traditionnelles.
Bien sûr que la Tunisie n’est pas encore habituée à ce genre de cérémonie. Sous l’ancien régime, cette opération n’obéissait à aucune procédure spéciale et se passait toujours dans la plus grande discrétion, pour ne pas dire autre chose.
Cette fois, Habib Essid, et contrairement à son inutile plaidoyer devant l’Assemblée des Représentants du Peuple lors du vote de défiance où il se montra plutôt conciliant et fair-play, a été, cette fois-ci, plus « incisif ». Il a défendu, encore une fois, bec et ongles, ses « réussites » et niant ses échecs, réfutant par conséquent toute espèce de responsabilité dans l’aggravation de la crise actuelle.
Habib Essid a donc monopolisé la parole ne laissant plus que des « miettes » à Youssef Chahed tout en exprimant son « aigreur » vis-à-vis de ceux qui l’ont floué et lâché à la fin de son « règne » ! En effet, la « boutade » lancée en direction de Rached Ghannouchi n’était ni spontanée ni « rigolote », dite simplement pour plaisanter.
En lui affirmant que la prochaine fois, on aura besoin d’une « fatwa », Habib Essid signifiait tout son mécontentement et son dépit à l’encontre des Islamistes qui l’avaient soutenu du bout des bras au point de devenir carrément leur otage (ne s’est-il pas déplacé en personne à Montplaisir alors que le sens de l’Etat exige le déplacement du « leader » d’un parti chez le responsable institutionnel quel que soit son rang a fortiori le Chef du Gouvernement !?) avant de le lâcher et de le sacrifier pour intégrer l’initiative du Président Béji Caied Essebsi.
En outre, il donnait aussi une autre indication se rapportant à l’influence grandissante du chef islamiste qui se comporte d’ailleurs comme un responsable de l’Etat.
Si Habib Essid a mis en garde son successeur sur la nécessité de continuer la lutte contre le terrorisme, le premier chef du gouvernement sous la Troïka, Hamadi Jebali, avait « prédit » une frappe terroriste qui se… produisit !
Le nouveau chef du gouvernement, Youssef Chahed, et son équipe doivent comprendre que la lutte contre le phénomène terroriste nécessite une vigilance continue et une rigueur implacable. Aucun ni personne n’est à l’abri des actes terroristes sauf que le danger chez nous, c’est qu’ils sont nombreux, et surtout, parmi nous…
L.L.