La proposition d’imposer une contribution de 2 Ă 4 jours de salaires, en plus d’une augmentation des prix dĂ©cidĂ©e par l’administration fiscale, ne pouvait pas tenir la route.
On l’a semble t-il compris. Pourquoi ? Parce que le salariĂ© n’est pas corvĂ©able Ă merci, et il ne va pas se taire en face d’une double taxation qui lui tombe dessus, sans crier gare. Et quand bien mĂŞme l’une serait conjoncturelle et l’autre structurelle, Ă court terme l’impact produira mathĂ©matiquement des consĂ©quences incontournables au plan social et Ă©conomique. Surtout dans un contexte dĂ©jĂ surchauffĂ© de revendications et d’augmentations salariales, jusque et y compris dans l’administration elle-mĂŞme, dont la tension se fait dĂ©jĂ ressentir. Sans compter la collusion UGTT-UTICA surtout qu’on a osĂ© parler de lever les secrets bancaires.
C’est semble-t-il la raison qui aurait conduit les dĂ©cideurs fiscaux Ă temporiser (pour ne pas Ă©crire « se dĂ©gonfler »). Pour autant, le flou persiste. La TAP vient d’annoncer le mercredi courant vers 19 heures que « En ce qui concerne la contribution conjoncturelle et exceptionnelle des salariĂ©s et professionnels au budget de l’État, le S.E au Ministère des Finances a relevĂ© qu’aucun prĂ©lèvement obligatoire ne sera effectuĂ© sur le salaire des fonctionnaires ». M Besbes a ajoutĂ© que « le caractère obligatoire de cette proposition a Ă©tĂ© annulé ». A la place, il a prĂ©cisĂ© que ladite contribution « reste volontaire et optionnelle ». Presque comme au temps du « 26 26 ».
Mais pour qui au juste? La question est de comprendre pourquoi cette prĂ©cision sur cette catĂ©gorie de salariĂ©s que sont les fonctionnaires. Lesquels s’ajouteraient aux retraitĂ©s, estimĂ©s Ă quelques 700.000, qui pourront faire la diffĂ©rence aux Ă©lections prochaines…face au 750000 sans emplois qui attendent que la direction du vent change.
Mais revenons Ă la taxation des prix. Remarquons tout d’abord que beaucoup de produits ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© augmentĂ©s. Et que malgrĂ© les efforts pour la contrer, l’inflation a dĂ©jĂ pour sa part, contaminĂ© la quasi totalitĂ© des produits. Ces augmentations sont d’autant plus critiquables qu’elles sont parfois dĂ©cidĂ©es par « homologation » administrative et que ce ne sont pas les contrĂ´leurs des prix qui vont y changer grand chose.
Dans le secteur des boissons fermentĂ©es, cible fiscale corvĂ©able par excellence au mĂŞme titre que le tabac, les prix ont soudain montĂ© et parfois de 15-20%. Alors que la consommation est dĂ©jĂ au ralenti en raison d’un tourisme qui marque le pas et faisait l’objet de promotions pour tenter d’en Ă©couler les stocks. C’est pourtant tout un secteur qui fait vivre des gens et qui fait appel Ă diffĂ©rentes compĂ©tences et technologies. Lesquelles nous maĂ®trisons de mieux en mieux, comme en attestent les trophĂ©es et mĂ©dailles ramenĂ©s des concours, ainsi que le flux non nĂ©gligeable en devises, outre les ventes directes pour les touristes…
En ce qui concerne la taxation du prix de l’essence, il faut savoir que dĂ©jĂ Ă 1,320 dt le litre de super, mĂŞme sans plomb, n’est pas donnĂ©, dans un contexte ou le Smig est plombĂ© Ă 300 dt, et encore. Va pour le sud qui se dĂ©brouille avec le trafic que la gouvernance laisse faire au grand dam des stations d’essence. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde dans cette Tunisie curieusement multiple. Rappelez-vous, c’est suite Ă des dĂ©cisions qui ont Ă©tĂ© prises en consĂ©quence Ă plusieurs augmentations du prix du baril (il Ă©tait passĂ© de 40 Ă 145 dollars) que le litre d’essence est passĂ© de 0,640dt Ă 1.320dt. Depuis, le baril est de nouveau retombĂ© Ă moins de 50 $, puis s’est stabilisĂ© Ă 80 $. Or en remontant Ă 125 $, l’administration veut aujourd’hui faire monter de nouveau le prix des carburants. Pourtant la rĂ©fĂ©rence du prix actuel est 145$ le baril alors que le coĂ»t actuel du baril n’est qu’Ă 125$. Et il faut dire qu’Ă l’Ă©poque, le dinar se maintenait comme il le pouvait face notamment au dollar. Mais les donnĂ©es ont changĂ© depuis que l’on a ouvert le robinet des crĂ©dits. Rien ou presque n’est retournĂ© Ă l’État et aujourd’hui, ce dernier se retrouve avec les mains vides.
Or si augmenter les prix est une solution de facilitĂ© pour remplir les caisses du TrĂ©sor, c’est Ă©galement un risque de propager l’impact de la hausse du coĂ»t de l’Ă©nergie sur tous les produits, avec le cortège que l’on sait et que la tricĂ©phale redoute fort, ne sachant pas vraiment oĂą donner de la tĂŞte.