Les fleurs violettes qui tombent par terre sur l’Avenue de la Liberté, le mois de novembre ne rappellent plus rien… à part un vague souvenir, à chaque fourgonnette qui passe.
Circulez, il n’y a rien à voir… ce trottoir est interdit aux piétons… les autres servent de parkings. Pauvre de nous ! sans trottoir.
Sixième année consécutive sans mauve et tambours, sans chants lyriques hystériques d’amour à une nation, que plus personne n’aimait depuis longtemps.
Sans diarrhée verbale d’hommage à un sauveur qui en rien, il n’était un, sans longues prologues journalistique, rhétoriques et gymnastiques linguistiques, sans goût, sans fond, sans couleur, à part celle du parti. Patrie daltonienne… souvent aveugle… Pauvre de nous ! Sans fanfare…
Sixième année que plus rien ne rappelle rien. Le drapeau s’est métamorphosé en robe sous les projecteurs. Il n’est plus cette punition matinale pour les écoliers. Il n’est plus cet accessoire benaliste.
L’hymne nationale ne fait plus rire, et on l’entend ailleurs que dans les stades et les fêtes « nationales »… elle n’est plus celle du parti. Elle ne rappelle plus rien… peuple atteint… Pauvre de nous ! sans mémoire…
Sixième année que l’on se prend pour le nombril du monde. Le printemps arabe, c’est nous. Le prix Nobel, c’est nous. Le consensus, l’exception tunisienne c’est nous ! dans le placard, dans notre coin, on relativise. Regardez ailleurs où ça dégénère… ici tout va bien.
Sixième année que l’on jouit de liberté et de dignité. Nul n’est obligé de fondre en remerciements pour respirer. Un président est une personne normale… d’ailleurs, elle vient de recevoir un prix cinématographique ! la classe…
Une comédie… prix du meilleur acteur. Prix du meilleur scénario.
Et on ose dire que rien n’a changé ! on a juste perdu un jour férié. Et gagné le droit de se plaindre. C’est déjà ça.
H.A.