Le porte-parole de la Présidence de la République, Adnen Mansar, a publié hier mercredi 14 novembre 2012 un communiqué dans lequel il met en garde contre « toute intervention militaire irréfléchie au Mali ». Cette prise de position tunisienne semble dictée par les échos relatifs à la menace d’une intervention militaire africaine émanant de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), soutenue par d’autres pays africains. Mardi, l’Union africaine a d’ailleurs donné son accord quant à l’envoi des forces proposées par le CEDEAO.
Dans ce contexte, le communiqué de la Présidence de la République laisse entendre une crainte d’embrasement de toute la région en cas d’un éventuel recours à la force ; on y lit en effet que cette hypothèse « pourrait transformer la région en foyer de tensions extrêmes aux frontières des pays du Maghreb et menacer leur sécurité. »
Par ailleurs, il est à noter que le mouvement islamiste implanté au nord du Mali « Ansar eddine » vient de changer de stratégie dans le but d’apaiser les tensions en annonçant son renoncement à l’application de la chariaâ sur le territoire malien. Il n’en demeure pas moins, concernant la Tunisie, que cette menace est bielle réelle d’autant que la mouvance islamiste jihadiste rattachée à l’aqmi (Al Qaïda au Maghreb Islamique) a prouvé son existence à plusieurs reprises. Aujourd’hui, les partisans d’Oussama Ben Laden et Aymen Al Dhaoauhri ne se cachent plus et revendiquent haut et fort leur appartenance la matrice d’Al Qaïda. C’est vraisemblablement cette perspective du recours à la violence et aux attentats qui a fait réagir la Présidence de la République. C’est qui se lit en filigrane dans son communiqué, et qui explique par conséquent sa position de la Tunisie estimant que « toutes les voies pacifiques doivent être épuisées pour résoudre la crise au Mali avant de déclencher une guerre dans la région », indique le communiqué.
Toutes ces données sont à mettre en corrélation avec les affirmations du général Carter Ham, commandant des forces américaines en Afrique. Au cours d’une table ronde avec la presse tunisienne, le responsable militaire américain n’a pas démenti la menace jihadiste. Il a révélé, par ailleurs, les discussions engagées avec les cadres du ministère de la Défense portant particulièrement sur la sécurité des frontières du territoire et les moyens de combattre l’extrémisme religieux et la nébuleuse d’Al Qaïda dans le monde arabe.