Egal à lui-même, le président de la République provisoire Moncef Marzouki, s’est de nouveau illustré aujourd’hui. A l’ouverture du 25ème Sommet arabe au Koweït, il a prononcé un discours de la trempe de ses discours passés dont lui seul a le secret.
A ce Sommet de la Ligue des Etats arabes, il n’a pas hésité à exprimer son souhait de dissoudre la ligue et la remplacer par une nouvelle organisation ressemblant beaucoup plus à l’Union européenne, qui serait dotée d’un Parlement calqué sur le Parlement européen. Cette Union arabe, comme il l’a appelée, aurait, entre autres, sous sa coupe, l’Union du Maghreb arabe.
Pour Moncef Marzouki, ce projet peut se faire en une dizaine d’années, oubliant au passage que l’Union européenne ne s’est pas faite en un jour et que les Etats européens, tout aussi différentes les uns des autres, sont en fin de compte des démocraties. La nuance est de taille !
Demander aux monarchies ou aux dictatures arabes de se soumettre à un autre pouvoir autre que le leur, relève de l’utopie. Moncef Marzouki, l’idéaliste, verrait bien les princes saoudiens venir chasser l’outarde dans le désert tunisien sans être inquiétés, comme il verrait sûrement d’un bon œil, les islamistes du Yémen venir trouver refuge au Mont Chaâmbi… L’espace vital si cher à Marzouki s’étendrait alors de l’Océan Atlantique jusqu’au fin fond de l’Arabie, le tout dansant sur le même tempo !
L’initiative marzoukienne est unique en son genre, mais loin d’être l’apanage des pouvoirs arabes, à mille lieues de se soucier de démocratie ou d’espace économique notamment les monarchies pétrolières dont les intérêts sont ailleurs et surtout pas sur les terres tunisiennes ou dans le désert mauritanien. Mais notre président a sûrement déjà pensé à toutes ces questions !
Ce Marzouki-là ne pouvait s’empêcher de sermonner Bachar Al-Assad sur le sort de son peuple, lui demandant de l’épargner, tel un Obama qui sermonnerait un Moubarek face aux exactions commises contre son peuple. Marzouki, en fervent défenseur des droits de l’homme fait l’impasse sur les relations diplomatiques rompues et monte au créneau en faveur du peuple syrien…
Et tel un Bourguiba qui donnerait des leçons au jeune Kadhafi, il lui donne rendez-vous avec l’histoire. Le président syrien sera bien obligé d’adopter tôt ou tard une solution politique, pense-t-il. Pari tenu !