Dans son discours adressé aujourd’hui à l’ouverture du 2ème congrès du CPR et lu en son nom par Walid Haddoug, membre dirigeant du parti, Moncef Marzouki a reproché à certaines parties dans le mouvement Ennahdha de vouloir accaparer le pouvoir et la scène politique en plaçant dans l’administration et dans des postes clés des militants et des sympathisants de leur mouvement, une politique similaire que celle adoptée par le RCD. Il a indiqué que cette attitude a suscité le mécontentement de plusieurs membres de son parti.
Réagissant à ces propos, cinq représentants d’Ennahdha parmi les invités dont Ali Laarayedh et Samir Dilou, ont quitté la salle du congrès alors que Rached Ghannouchi et d’autres cadres du mouvement sont restés jusqu’ à la fin .
Suite à cet incident, le porte parole du CPR, Hedi Ben Abbas, a précisé aux médias que la remarque de Moncef Marzouki concerne certaines parties au sein d’Ennahdha qui essayent de noyauter l’administration à des fins politiques et ne s’adresse pas à tout le mouvement. Elle ne traduit pas une opinion personnelle mais reflète un sentiment général qui s’affirme de jour en jour suite à certaines nominations dans l’administration et à la tête des institutions publiques.
Mohamed Abbou, interrogé sur la teneur du discours de Marzouki, a confirmé les précisions données par le porte parole du CPR en ajoutant que si au niveau de l’administration centrale la compétence et l’intégrité morale sont les seules critères pris en compte pour la désignation des responsables, au niveau des gouvernorats et des délégations municipales, la tendance n’est pas la même .
L’analyste politique, Mustapha Tlili, invité du journal de 20 heures de la chaîne El Watanya, estime que les propos de Moncef Marzouki visent à rassurer les militants de son parti qui refusent la mainmise du mouvement Ennahdha sur les activités politiques et l’administration publique et menacent de changer de camp si la situation ne change pas. Mais sur un plan, il pense que le reproche fait par Moncef Marzouki à Ennahdha est de nature à fragiliser davantage le consensus au sein de la Troïka et à rejaillir négativement sur les travaux de l’ANC, particulièrement, au niveau de l’élaboration de la constitution.
Dans le même discours, Moncef Marzouki a abordé la question relative au régime politique à instituer en réitérant son attachement inconditionnel au régime présidentiel aménagé. En abordant cette question, il donne l’impression de répliquer à Ennahdha qui dans son dernier congrès a insisté sur l’adoption du régime parlementaire.
A côté des réactions suscitées par le discours de Moncef Marzouki, la journée a connu d’autres incidents consistant à exclure Tahar Hmila de la salle du congrès en raison de ses récentes déclarations dans les médias et à s’attaquer verbalement aux journalistes les accusant de manque de professionnalisme et de partialité. Après vérifications, il s’est révélé que ces attaques sont le fait de personnes qui n’ont aucune relation avec le Parti et n’ont aucune qualité de s’exprimer en son nom.