L’affaire des parts de 51 % que Marwan Mabrouk détient au capital d’Orange Tunisie est encore « ubuesque » pour certains.
Il y a quatre jours, le 26 mars, suite à l’information rapportée par le site « Médiapart » et relayée par nos soins, concernant les » 51 % de Mabrouk » qui seront confisqués par l’État tunisien, un porte-parole d’Orange Tunisie nous a déclaré n’avoir aucune information officielle à communiquer.
Hier, le journal Les Echos en a rajouté une couche en annonçant que « L’État tunisien est devenu hier (NDLR Mardi 29 mars) propriétaire de 51 % du capital d’Orange Tunisie. Cette participation majoritaire dans l’opérateur appartenait auparavant à Marwan Mabrouk, gendre de l’ex-dictateur Ben Ali, et était logé dans une structure, Investec. Les biens de Marwan Mabrouk, administrateur d’Orange Tunisie tout comme son ex-femme, Cyrine Ben Ali, ont dans un premier temps été gelés, tout comme ceux de 110 personnalités proches de l’ancien président. Et le décret-loi a été publié en fin de semaine dernière au « Journal officiel ». La mise sous tutelle est donc effective ». Le journal a également déclaré que pour France Télécom, « cela ne change rien sur le plan opérationnel. L’activité continue tout à fait normalement ».
Contactée une deuxième fois concernant l’avenir d’Orange Tunisie, Asma Ennaifer, directeur des relations extérieures, nous a expliqué que « dans le décret-loi, l’article 8 spécifie clairement que si expropriation il y a, elle ne peut se faire que 6 mois après que la commission chargée du dossier, ait donné son rapport ». Ainsi « Marwan Mabrouk est encore notre patron ».
Par ailleurs, Asma Ennaifer argumente ses propos par un article du journal Le Monde, d’aujourd’hui, dans lequel elle pointe une « contradiction » dans le propos du gouvernement de transition, plus particulièrement dans les réponses du secrétaire d’État de la Technologie Adel Gaaloul. Voici l’extrait tiré d’un paragraphe intitulé « Une situation ubuesque »:
« Étant donné que nous avons confisqué tous les biens de la famille, les 51 % d’Investec appartiennent à l’État tunisien. Ce dernier détient 51 % d’Orange Tunisie déclare le secrétaire d’État chargé de la technologie, Adel Gaaloul, avant de nuancer son propos.
Après que la justice « aura joué son rôle », il reviendra, dit-il, au gouvernement issu des élections parlementaires du 24 juillet de « décider du sort » d’Orange Tunisie : « D’ici là, nous travaillerons ensemble, et mon souhait est de voir se développer la société ».
Contacté aujourd’hui, le secrétaire d’État de la Technologie Adel Gaaloul nous a expliqué « qu’il n’y a pas de nuance, que se soit pour ce gouvernement de transition ou celui d’après (NDLR après les élections de 24 juillet). Les 51 % de Mabrouk appartiennent à la Tunisie. D’ailleurs, Marwan Mabrouk n’a plus sa place dans Orange Tunisie et j’ai déjà avisé la direction (NDLR d’Orange Tunisie). Notre but est de conforter la position d’Orange Tunisie. Quant aux 51 %, on optera pour la meilleure option que se soit pour le pays ou pour l’investisseur étranger ».
Quant au décret-loi, selon notre explication, la commission de confiscation des biens donne le délai de six mois aux créanciers d’Orange pour présenter leurs documents de créances. Après la date butoir de six mois, la commission réglera les créances et donnera la main à l’État pour jouir de ses biens.