Le bras de fer entre l’UGTT et le gouvernement passe des paroles et des sous entendus aux actes. La manifestation d’aujourd’hui n’en est que la preuve.
Un nombre très important de personnes s’étaient réunies à la place Mohamed Ali, place emblématique et historique du syndicat de Farhat Hached. Elles se sont par la suite dirigées vers l’avenue Habib Bourguiba … c’était sans pour rappeler un certain 14 Janvier 2011. Elles étaient présentes pour dénoncer les récentes attaques visant plusieurs locaux de l’UGTT et réclamer la chute du gouvernement.
La foule, assez importante, réunie à partir de midi devant le siège du syndicat, avançait en s’agrandissant petit à petit, avant d’atteindre un nombre considérable (quelques milliers) devant le siège du Ministère de l’Intérieur (encore un déjà vu).
«Ni peur, ni terreur, le pouvoir au peuple », « Le peuple exige la purification du gouvernement », « A bas le gouvernement » ou encore « Dégage » étaient scandés par la foule. La marche était naturellement accompagnée des forces de l’ordre, mais ces dernières n’étaient pas en très grand nombre, du moins, à ce moment-là.
Des figures du militantisme sous l’ère Ben Ali et de la société civile, ainsi que des leaders de certains partis politiques étaient présents. Artistes et bloggeurs ont aussi soutenu le mouvement. Mais les stars de cette marche restaient les éboueurs, en première ligne, avec un drapeau de la Tunisie dans une main et un bouquet de fleurs, en signe de remerciement, dans l’autre.
Beaucoup de personnes ont essayé de semer le trouble en provocant les manifestants, en entrant dans l’avenue Habib Bourguiba, mais c’était sans compter sur le calme et la sagesse de certains syndicalistes qui les ont gentiment raisonnées.
Vers 15h, les agents de la police se sont regroupés et avant même de leur demander de lever la marche, ils se sont mis, pour certains, à pousser les manifestants. La tension est alors montée et rapidement, cela a tourné aux coups de matraques, suivis de jets de projectiles et de gaz lacrymogène.
Beaucoup de personnes ont été blessées. L’intervention de la police était très musclée et parfois avec une violence inouïe. Les journalistes (malgré le port de dossard) n’ont pas été épargnés ; ils ont été visés délibérément, comme en témoignent nos confrères de Radio Kalima.
Les manifestants se sont dissipés, avant de se regrouper à nouveau et se faire charger une seconde fois.
Malheureusement, l’intervention de la police nous rappelle d’amers souvenirs, surtout que beaucoup de policiers en « civil » ont chargé les manifestants avec des matraques, pour les mieux équipés, et avec de simples bâtons pour les autres, pour le plaisir des contres manifestants qui ont, eux aussi, participé au tabassage des sympathisants de l’UGTT, d’après des témoignages recueillis sur Kalima.
Une vidéo amateur qui fait le buzz actuellement montre l’intervention musclée de la police :