L’ONU a de nouveau réagi à l’affaire de son expert en sécurité, Moncef Kartas en demandant, ce mercredi 15 mai, à la Tunisie « d’abandonner les accusations » d’espionnage portées contre lui.
Moncef Kartas a été arrêté le 26 mars 2019 lors de son arrivée à Tunis et est détenu depuis cette date. Il « doit être libéré immédiatement », a affirmé le porte-parole du secrétaire général des Nations unies, Stéphane Dujarric.
Lors de son point-presse quotidien, Stéphane Dujarric a révélé que les documents judiciaires remis par la Tunisie à l’ONU concernant cette affaire ont été étudiés par les Nations unies et ont conclu au fait que l’immunité diplomatique octroyée par l’Organisation à l’expert tuniso-allemand restait valide.
En conséquence, l’Organisation réclame que les « accusations portées contre lui soient abandonnées » et qu’il soit « relâché immédiatement », a insisté Stéphane Dujarric.
Après son arrestation, Moncef Kartas (ainsi qu’une autre personne) a comparu devant le ministère public. Les deux personnes ont fait l’objet d’un mandat d’arrêt émis le 11 avril 2019, par le tribunal antiterroriste.
En parallèle, le ministère de l’Intérieur indiquait dans un communiqué avoir démantelé un réseau d’espionnage et avoir ouvert une enquête sur ce réseau en 2018 ce qui a permis l’arrestation de deux Tunisiens soupçonnés d’espionnage, mardi 26 mars 2019.
Les deux personnes arrêtées sont accusés de « collaboration avec des parties étrangères », indiquait le département de l’intérieur, ajoutant que la saisie de documents a permis de découvrir des informations classées confidentielles sur des équipements de pointe de brouillage et d’interception de communications et pouvant porter atteinte à la sécurité nationale.
Stéphane Dujarric s’est abstenu de dire quelles étaient les accusations précises portées contre l’expert ni si la Tunisie avait réclamé une levée de son immunité.
Sur un autre plan, en arrêtant Moncef Kartas et en le gardant en détention, la Tunisie s’entête à ne pas reconnaître l’immunité octroyée par l’ONU à cet expert, en fonctions depuis 2016 au sein du groupe de spécialistes chargés par l’ONU d’enquêter sur les violations de l’embargo sur les armes imposé à la Libye.
A l’heure où la Tunisie est candidate à un poste de membre non-permanent du Conseil de sécurité de l’ONU pour la période 2020-2021, cette affaire va pénaliser les Tunisiens qui ont déjà perdu la voix de l’Allemagne
D’un autre côté, l’avocate de Moncef Kartas révèle que « l’un des principaux éléments à charge est un appareil » trouvé en sa possession et « donnant accès aux données publiques concernant les vols d’avions civils et commerciaux ».
Cet appareil, un RTL-SDR, soumis à une autorisation en Tunisie, lui servait « uniquement pour la surveillance du trafic aérien à destination de la Libye, afin d’identifier les vols susceptibles d’être liés à des violations de l’embargo sur les armes », a-t-elle expliqué.