Non Leila Trabelsi ne s’est pas réveillée un beau jour avec des dons d’écrivain. A travers ce livre, elle ne s’adresse pas à nous pour le plaisir de nous narguer. Elle a d’autres Ben Ali à fouetter. Vous vous doutez bien que notre Catherine II de Russie n’expose pas cyniquement ses délits pour nous tirer sa langue.
Pourquoi le livre de Leila fait-il polémique ?
(MĂ j Ă 16:00) On a entendu dire que le livre allait ĂŞtre censurĂ©. Puis un dĂ©menti a Ă©tĂ© publiĂ© affirmant qu’il allait bel et bien ĂŞtre diffusĂ© et que les royalties seraient saisies par l’Etat. Voyons, vous n’avez pas cru que le gouvernement qui n’a pas hĂ©sitĂ© Ă bastonner les familles des martyrs et blessĂ©s de la rĂ©volution faisant fi de leurs revendications s’inquièterait  des sentiments du peuple tunisien et voudrait mĂ©nager notre sensibilité !
Le peuple qui n’a toujours pas Ă©tĂ© dĂ©dommagĂ© des annĂ©es de misère et de souffrance comme certains ayatollahs, grands gagnants du loto rĂ©volutionnaire, pourrait se le rappeler et reprendre son tapage (« revendications », dans une autre version). On veut nous rassurer de temps en temps sur nos deniers perdus (Le prĂ©sident de la commission nationale pour la restitution des fonds placĂ©s Ă l’Ă©tranger, Mustapha Kamel Nabli, a annoncĂ© au dĂ©but du mois d’avril que 28 millions de dinars de LeĂŻla Trabelsi, allaient ĂŞtre restituĂ©s Ă la Tunisie). Cependant, on ne voudrait pas raviver la polĂ©mique sur les sommes faramineuses spoliĂ©es qui peuvent Ă elles seules renflouer les caisses de l’état.
Leila fait un buzz parce qu’elle s’ennuie?
La Trabelsi s’en fout «royalement» de faire parler d’elle. Son but n’est ni de se faire détester davantage (On ne sait jamais, elle pourra être rapatriée un beau jour, pourquoi pas !) ni de créer le buzz. C’est à mon sens une sage politique de la terre brûlée. Elle nous envoie ce beau cadeau pour tacher l’image de ses ex-serviteurs et complices qui sont aujourd’hui partie intégrante du paysage politique tunisien, jouissent encore de leurs biens acquis à la sueur des fronts et ont des relations très cordiales avec le gouvernement.
Le livre est parait-il dĂ©jĂ disponible sur internet. Donc mĂŞme s’il vous arrivait de le censurer, on le lirait gratuitement.