«Le peuple veut une justice constitutionnelle capable de faire sortir ses griffes et condamner le président et les ministres qui abusent et s’impliquent dans la corruption et pas seulement un conseil constitutionnel qui émet des avis et fournit des propositions !» C’est ce qu’a annoncé aujourd’hui le docteur Moncef Marzouki lors d’un débat organisé aujourd’hui à Dar Dhiafa sur la constitution.
Venant du président de la République dont la carrière politique et le militantisme dans le domaine des droits de l’homme ne datent pas d’hier, ces propos ne peuvent que surprendre. En effet, la mission de la cour constitutionnelle n’a rien à voir avec les abus et les délits imputables aux responsables et hauts cadres de l’Etat.
Ces derniers répondent de leurs actes et faits devant la juridiction pénale lorsqu’ils commettent des infractions et des actes de haute trahison. Cette juridiction est la seule compétente pour les juger alors que la cour constitutionnelle intervient pour se prononcer sur la conformité des lois, des actes de gouvernement et des traités internationaux à la constitution et aux valeurs de la République.
En appelant à une justice constitutionnelle ayant le pouvoir de juger les actes et les faits commis par le président et les ministres, le Docteur Moncef Marzouki confond entre la mission de cette justice et celle des juridictions de l’ordre judiciaire à moins qu’il voudrait dire autre chose.
Dans le contexte de cette déclaration, le choix des mots et la formulation des phrases, démontrent clairement qu’il ne s’agit pas d’un lapsus.
Il est vrai que le président ne peut pas tout connaître et qu’on ne saurait lui reprocher son manque d’expertise dans tel ou tel domaine en rapport avec ses responsabilités. Mais, partout dans le monde, il demande l’avis de ses conseillers sur les questions qu’il ignore pour ne pas s’enliser dans l’amalgame et se donner en spectacle.