Une énième affaire pour Zied El Heni, placé, hier, en garde à vue. Le journaliste et chroniqueur est confronté à des poursuites judiciaires suite à ses commentaires critiques envers la ministre du Commerce Kalthoum Ben Rejeb.
Selon son avocat, Ayachi Hammami, Zied El Heni a été placé en garde à vue à cause d’une déclaration faite sur les ondes de la radio iFM, jeudi 28 décembre 2023 à l’encontre de la ministre du Commerce.
L’accusation dont fait l’objet Zied El Heni est liée au mot « casi » employé par le chroniqueur durant l’émission en appelant au limogeage de la ministre selon la formule suivante : « Qu’on limoge alors la « casi » ».
Et c’est là que le ministère public est intervenu en se saisissant de l’affaire et en déposant une plainte contre Zied El Heni, estimant que ses propos sont punissables par la loi conformément à l’article 24 du décret 54.
Il encourt une peine qui peut aller jusqu’à dix ans de prison conformément aux dispositions du décret 54, selon son avocat.
Mais que signifie « casi », que le ministère public considère comme une insulte ? Ce terme vient de l’italien. Il s’agit du pluriel du mot « caso », qui signifie « cas ». En Tunisie, ce terme définissant « un cas » est entré dans le langage parlé depuis fort longtemps au point de faire partie de notre dialecte. Un terme familier à la limite satirique !
L’arrestation de Zied El Heni n’est pas sans soulever des inquiétudes quant à la liberté d’expression. Il a fait l’objet de convocations à plusieurs reprises au point de devenir lui-même un cas.
En mars 2023, il a été accusé dans l’affaire des fuites sonores ; en octobre dernier, certaines déclarations faites sur les ondes d’iFM concernant un éventuel plan d’assassinat du président de la République, lui ont valu une interpellation.
Le 21 juin 2023, il avait été convoqué dans un premier temps par la Garde nationale de l’Aouina pour comparaître devant la 5e brigade centrale pour la lutte contre les crimes de télécommunications avant d’être placé en garde à vue. Il avait été relâché le lendemain après la décision du procureur de la République au Tribunal de première instance de Tunis de le maintenir en état de liberté.
Le cas Zied El Heni n’est pas isolé. Selon les statistiques du Syndicat national des journalistes (SNJT), près de 40 journalistes ont été confrontés à des poursuites en vertu du décret 54, des lois antiterroristes et pénales.
L’affaire Zied El Heni révèle les défis complexes auxquels est confrontée la liberté d’expression en Tunisie. Alors que le pays aspire à consolider sa démocratie, il est crucial de trouver un équilibre entre la protection des droits individuels et la préservation de la stabilité politique.
La manière dont cette affaire évoluera pourrait avoir des répercussions significatives sur le paysage médiatique tunisien et la réputation du pays en matière de droits de l’homme.