« Nous sommes un groupe de Tunisiens qui pensent que la vie est faite pour être vécue, pas pour être subie. Nous sommes convaincus que la situation actuelle n’est pas une fatalité, et nous avons décidé, avec les moyens qui sont les nôtres, de challenger le statu quo et de montrer qu’un changement vers le meilleur est possible ».
C’est de la sorte que se définit le mouvement 3ich Tounsi, mais loin de cette simplicité, trop d’incertitudes et d’ambigüité planent autour de l’activité de ce « mouvement », qui a vu le jour il y a quelques mois.
En effet, il y a quelques mois, une grande campagne publicitaire a été organisée par les initiateurs de ce « projet », dont l’identité reste peu connue à l’exception de sa principale fondatrice Olfa Taress, une Tunisienne, épouse d’un homme d’affaires français.
Tout a commencé par un appel aux Tunisiens pour signer un document baptisé : « la feuille de route des Tunisiens ». Ce document résulte, disent-ils, d’une grande consultation populaire ayant touché « plus de 400.000 Tunisiennes et Tunisiens qui ont permis d’élaborer les 12 mesures qui composent la Feuille de route des Tunisiens ».
L’initiative se transformera en un projet politique
Ces douze points répondent, sans aucun doute, aux attentes les plus proches des Tunisiens dont notamment la sécurité, les privilèges des politiciens, la situation des hôpitaux publics, la disponibilité des médicaments, la hausse des prix… au point que jusqu’aujourd’hui environ 195 mille Tunisiens ont signé cette feuille.
Jusque-là tout va bien, nous assistons à une belle initiative de la société civile qui se présente comme alternative à la classe politique. Mais, hier dimanche 12 mai, dans une apparition médiatique, la fondatrice du mouvement a affirmé que si la feuille sera signée par environ 400 mille Tunisiens d’ici juillet prochain, l’initiative se transformera en un projet politique.
En effet, Olfa Terras n’a pas exclu hier, la transformation de cette association en un projet politique, c’est-à-dire un parti politique qui présentera des listes électorale et un candidat pour les élections législative et présidentielle.
Le mouvement a bénéficié, semble-t-il, d’un vide juridique et légal, qui interdit la transformation d’une association en un parti politique, et aurait planifié dès le début un projet politique se faisant passer pour une association alternative à l’actuelle classe politique. Ceci pose plusieurs problèmes.
[pull_quote_center]Primo, cette campagne lancée depuis des mois pourrait être considérée comme une campagne électorale prématurée et une sorte de publicité politique, choses qui sont strictement interdites par la loi électorale. [/pull_quote_center]
Secundo, les sources de financement, dont nous ne connaissons pas l’origine, de cet éventuel projet politique deviendront douteuses, étant donné l’interférence entre l’activité politique et associative de cette initiative.
Tertio, le mouvement possède une large base de données personnelles d’environ 400 mille Tunisiens issues notamment de la grande consultation réalisée il y a quelques mois. Cette base de données pourrait être utilisée lors de la transformation de cette association en un parti.
S’agit-il d’un mouvement purement citoyen et associatif qui œuvre, comme il le prétend, au profit des Tunisiens ? ou tout simplement d’une autre manière pour accéder au pouvoir en usant de la ruse, du populisme et d’un vide juridique pour accomplir des ambitions politiques ? Une chose est sûre, le cas de 3ich Tounsi ouvre la voie à de nombreuses interrogations.