Très encourageant le verdict prononcé dans l’affaire de l’attaque et du saccage de l’ambassade US : aucune peine de prison. Autrement dit, dorénavant, au cas où l’actualité incriminerait les États-Unis dans une quelconque atteinte à l’Islam, ce qui est plus que probable, la chose la plus simple à faire et la moins risquée est de s’attaquer à l’ambassade US, de vandaliser ses principaux bâtiments, de voler ce qu’il y a à voler et d’y mettre le feu. Le précédent est créé, aucun juge n’osera réserver, à l’avenir, des verdicts plus corsés pour des délits qu’il vient d’assortir de sursis synonymes de non-lieu. Vous connaissez, donc, votre prochaine cible : l’ambassade US, à condition, bien évidemment d’être islamiste.
Cela dit au-delà de la risée générale dont font l’objet les Américains sur la toile jusqu’à faire dire aux uns et aux autres qu’ils ne pouvaient pas imaginer que les États-Unis étaient si insignifiants aux yeux de Laârayedh et de la Nahdha, au-delà de toute ironie, la vérité est ailleurs et les Américains, qui nous font leur communiqué folklorique de non-contents, savent où elle est la vérité (voir le communiqué en bas de page).
Il ne faut pas alors tomber dans le piège : ceux qui ont été condamnés à des sursis ne méritent peut-être pas plus que cette sentence. Quels délits leur reproche-t-on ? Sont-ils les auteurs véritables des saccages, des incendies et vols ? À en croire les juges qui les ont condamnés non. Il suffit de revoir les accusations prononcées. Il manque un morceau du puzzle : les vrais coupables, ceux qui sont venus par-derrière comme l’affirme Ali Laârayedh, qui ont mis le feu, notamment, à l’école américaine et qui ont volé tous ses équipements. Ce sont, vraisemblablement, ceux-là que les Américains connaissent et réclament et que le gouvernement refuse de « dissoudre »… pardon d’arrêter et de condamner.
Ne vous réjouissez, donc, pas de la « colère » US, c’est du cinéma et s’il y a un point commun entre les Américains et le gouvernement de la Troïka, c’est que les deux excellent dans l’opacité : les premiers pêchent en eau trouble depuis leur coup d’État du 14 janvier et ils sont quelque part responsables de la présence des terroristes dans nos contrées, les seconds maintiennent un silence coupable sur plus d’un sujet, du meurtre de Lotfi Nagdh à l’installation d’Al-Qaïda en Tunisie en passant par le meurtre de Chokri Belaïd et les agissements salafistes.
Alors si les Américains sont mécontents (ce qui n’est pas vrai), ce n’est que justice : on récolte toujours ce que l’on sème.
——————
Communiqué de l’ambassade US a Tunis
L’ambassade américaine à Tunis a pris connaissance des articles de presse traitant des verdicts de certaines personnes accusées d’avoir participé à l’attaque contre l’ambassade américaine à Tunis le 14 Septembre 2012. Nous sommes profondément inquiets par les condamnations avec sursis. Les verdicts ne correspondent pas de manière appropriée à l’ampleur et à la gravité des dégâts ainsi qu’à la violence qui ont eu lieu le 14 Septembre, 2012. Nous tenons à ce qu’une enquête approfondie soit menée et que les instigateurs de l’attaque, toujours en liberté, soient traduits en justice.
Il incombe au gouvernement Tunisien et en vertu du droit international de protéger le personnel et les missions diplomatiques présents en Tunisie. Le gouvernement tunisien a déclaré publiquement son opposition à ceux qui ont recours à la violence. Par ses actions, le Gouvernement tunisien doit également démontrer qu’il n’y a aucune tolérance envers ceux qui encouragent et utilisent la violence pour atteindre leurs objectifs. Le verdict du 28 mai a échoué à cet égard.