A l’instar du SNJT, plus de 40 organisations se sont indignées contre la condamnation du journaliste Khelifa Guesmi à cinq ans de prison.
Le collectif estime que la peine infligée est la plus lourde dans l’histoire de la presse tunisienne
Le collectif rappelle que la source sécuritaire officielle qui a révélé l’information a écopé de 10 ans de prison
Le collectif a décidé d’organiser une manifestation de protestation
Ces organisations se sont réunies dans un collectif pour dénoncer le jugement prononcé à l’encontre de Khelifa Guesmi, estimant que « ce procès témoigne d’une politique systématique de musellement de la liberté d’expression, de la presse et d’opinion ».
Déjà condamné à un an de prison pour avoir refusé de révéler ses sources, le journaliste Khelifa Guesmi a été condamné, hier à cinq ans de prison par la chambre spécialisée dans les affaires terroristes près le tribunal de Tunis.
Celle-ci a rendu un jugement condamnant le journaliste à cinq ans de prison au sens de la loi antiterroriste de 2015, sur fond de sa publication d’une information dont l’origine était une source sécuritaire.
Dans une déclaration commune publiée, ce mardi 16 mai 2023, en réaction à ce procès, les organisations ont mis en garde contre « l’ampleur des violations judiciaires du texte de la constitution et des pactes internationaux ratifiés par la Tunisie », dénonçant à ce titre « les procès à répétition dressés contre des journalistes sur la base d’un dispositif juridique fort liberticide en un laps de temps court ».
Le collectif estime que la peine infligée au journaliste dans le cadre de ce procès est la plus lourde dans l’histoire de la presse tunisienne, tout comme elle relève du jamais vu sous les différentes dictatures qui ont gouverné la Tunisie.
Le collectif rappelle que dans le même procès, « la source sécuritaire officielle qui a révélé l’information a également écopé de 10 ans de prison au sens de l’article 62 de la loi antiterroriste, en sa qualité d’auteur principal, estimant que ce jugement favorisera les réflexes d’autocensure des autorités officielles et le blackout médiatique », rapporte l’agence TAP.
Le collectif a ainsi décidé d’organiser une manifestation de protestation, ce jeudi 18 mai, devant le siège du Syndicat des journalistes, pour fustiger la répression de la liberté de la presse et d’opinion.
Rappel des faits
En novembre 2022, la Chambre pénale spécialisée dans les affaires de lutte contre le terrorisme au Tribunal de première instance de Tunis, avait condamné, Khelifa Guesmi, journaliste et correspondant de Mosaïque fm à Kairouan, à un an de prison.
Sa condamnation est en rapport avec l’affaire de la publication d’une information selon laquelle une cellule terroriste aurait été démantelée à Kairouan.
Il est accusé d’avoir « divulgué intentionnellement l’une des informations relatives aux opérations d’interception, d’infiltration, de surveillance audiovisuelle ou des données qui y sont collectées ».
Khelifa Guesmi avait été placé en garde à vue le 18 mars 2022, le journaliste ayant refusé de divulguer ses sources d’information. Il avait été libéré le 25 mars 2022 après une semaine de garde à vue.