Dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 décembre 2024, la chute du régime de Bachar al-Assad a été officiellement annoncée, ouvrant une nouvelle page pour la Syrie. Cependant, cette transition soulève des interrogations en Tunisie, notamment sur le sort des citoyens tunisiens retenus dans les prisons syriennes, souvent associés à des groupes extrémistes tels que Daech ou le Front al-Nosra.
Sous le régime d’Assad, ces détenus étaient considérés comme une menace sécuritaire. Aujourd’hui, avec la libération de nombreux centres de détention par les forces d’opposition, leur situation devient incertaine. Libérés ou en fuite, ces individus pourraient poser de nouveaux défis, qu’ils soient liés à leur retour potentiel en Tunisie ou à leur dispersion dans une Syrie en plein chaos.
Déjà en 2023, lors de discussions entre les autorités syriennes et tunisiennes, Damas avait partagé des dossiers sensibles concernant ces détenus, incluant des détails sur leurs affiliations et leurs activités. Pourtant, aucune solution concrète n’a été mise en œuvre pour gérer ce dossier complexe.
Le vide laissé par la chute d’Assad amplifie l’ambiguïté. Les forces d’opposition, souvent accusées de libérer massivement les prisonniers, n’ont pas les moyens de contrôler ces individus jugés dangereux. Certains pourraient disparaître, d’autres regagner des réseaux radicaux ou chercher à rentrer en Tunisie.
Face à ces incertitudes, la Tunisie doit se préparer à accueillir ces anciens détenus pour les juger sur son sol, ou les abandonner dans une Syrie instable.
Il est difficile de fournir des chiffres précis sur le nombre de détenus tunisiens en Syrie. Toutefois, les Tunisens partis se battre aux côtés de groupes djihadistes en Syrie, en Irak et en Libye, représentent un contingent particulièrement important. Ils seraient entre 3 000, selon les chiffres officiels, et 5 000, d’après l’ONU. En 2016, au moins 800 d’entre eux étaient déjà revenus par leurs propres moyens et se trouvaient alors sous détention ou surveillance renforcée.
Pour répondre à cette crise, l’ambassade de Tunisie à Damas a lancé un appel aux citoyens tunisiens présents en Syrie, les invitant à la contacter pour obtenir une assistance. Ce geste témoigne de l’urgence et de la complexité de cette situation, où sécurité nationale et droits humains se croisent dans une équation délicate.