Se basant sur le rapport de la cour des comptes relatif au contrôle de la campagne électorale, rendu public le 8 août 2011, le site OWNI a publié, hier, un article sur les conclusions de ce rapport concernant le financement de la campagne menée par le mouvement ENNAHDHA. D’après l’auteur de cet article intitulé «l’argent caché d’ENNAHDHA», Guillaume Dasquié, le rapport de la cour des comptes met en exergue une série d’anomalies et d’incohérences qui inspirent le doute quant à la régularité et à l’origine des opérations de financement.
La première invraisemblance réside dans le coût déclaré par le mouvement qui est de 400 mille dinars dont 176 mille dinars représentent l’aide de l’État, soit en moyenne 12.120 dinars par liste si l’on considère que le mouvement a été présent dans toutes les circonscriptions. D’après le journaliste, cette déclaration ne peut pas être convaincante en comparaison avec la moyenne des dépenses effectuées par liste et qui est bien au-delà du coût avancé.
Le rapport de la cour des comptes a relevé, en outre, la non-conformité à la loi de factures correspondant à des dépenses de l’ordre de 69 mille dinars, l’absence de justificatifs se rapportant à certaines dépenses et l’inadéquation des écritures comptables.
A ce dernier titre, la non-comptabilisation a porté sur plusieurs manifestations organisées par une trentaine de listes, les frais de transport et de déplacement pour huit listes et les frais de communication électorale pour 17 autres listes. L’auteur de l’article en a déduit que ces dépenses, non comptabilisées, auraient été supportées par des organisations et des personnes qui auraient contribué gracieusement à la campagne du mouvement.
Par ailleurs, l’examen des comptes bancaires démontre que certaines dépenses n’y figurent pas ce qui suscite des interrogations sur la modalité du payement. Ces dépenses auraient pu être effectuées en espèces auxquels cas, il appartient aux listes concernées de le prouver, comme elles auraient pu être exécutées par des comptes personnels ou des comptés non déclarés aux autorités compétentes malgré l’interdiction légale.
Guillaume Dasquié a, ensuite, rappelé les révélations d’Anonymous du mois d’avril dernier qui font état d’échange d’émail émanant de dirigeants d’ENNAHDHA sur des questions financières en rapport avec les activités du mouvement et la tenue de comptes à l’étranger dont l’existence à QATAR d’un compte bancaire au nom de Kamel Ben Amara, candidat élu du mouvement dans la circonscription des pays arabes et autres.
La cour des comptes n’a pu aller jusqu’au bout dans ses investigations pour s’assurer de la provenance des fonds en raison de la complexité des procédures bancaires afférentes aux transferts venant de l’étranger.
En conclusion de son article, Guillaume Dasquié n’a pas exclu l’hypothèse du financement étranger de la campagne électorale du mouvement. Pour corroborer ses impressions, il s’est référé à un rapport publié le 15 août 2012 par l’association tunisienne pour la transparence financière qui met l’accent sur deux importants contrats passés avec des firmes QATARIES ; le premier a pour objet l’exploitation de l’usine de phosphate de Sra-Ouertane, et le second porte sur la concession du marché de la raffinerie Skhira – confiée à Qatar Petroleum
Bien évidemment cette hypothèse n’est, pour le moment, qu’une supposition qui repose sur un faisceau d’indices non vérifié.
Les responsables d’ENNAHDHA, notamment lors du dernier congrès de leur mouvement, ont totalement nié ces accusations qui sont lourdes de conséquences. En effet et en vertu de l’article 52 du décret-loi du 10 mai 2011 relatif à l’élection de la Constituante, le financement en provenance de l’ étranger est interdit. L’article 77 du même texte dispose que la réception d’une aide matérielle venant d’une partie étrangère, directement ou indirectement, entraîne des sanctions pénales et la perte de la qualité de candidat et d’élu.