L’interview que vient d’accorder Samir Ben Amor, le conseiller auprès du Président de la République, au quotidien « Le Maghreb » comporte des non-dits qui ne se prêtent à aucune équivoque. Le conseiller est revenu sur les rumeurs qui enflent relatives à l’existence d’un gouvernement de l’ombre pour les rejeter d’un bloc, avançant que la Tunisie postrévolutionnaire ne saurait admettre ce type de fonctionnement politique, la troïka étant la seule instance adossée à une stratégie qui veille à l’intérêt du pays.
Il faut dire que cette interview se lit comme une réaction de démenti à toutes les informations faisant état d’un « gouvernement de l’ombre » qu’incarnerait le sulfureux Kamel Eltaief. Toutes les révélations inhérentes ces derniers à cet homme ont pour effet de nourrir dans l’opinion les suspicions quant au pouvoir qu’il détiendrait. L’homme qui charrie une réputation machiavélique possède en effet des réseaux dans les sphères politico-médiatiques et le doteraient ainsi d’un lobby diablement efficace.
Il est inutile de revenir sur le rôle qu’il aura joué auprès de Ben Ali pour le coup d’État contre Bourguiba. S’il est vrai que l’arrivée de Leila Ben Ali au palais de Carthage a sonné sa disgrâce, Kamel Eltaief semble revenir en force après la Révolution du 14 janvier 2011. Alors que l’on croyait écarté définitivement de la vie politique, voilà que son nom réapparaît à la faveur de la vidéo de Farhat Rajhi, diffusée en mai 2011 et qui a eu l’effet d’une bombe. L’ex-ministre de l’Intérieur livrait alors des informations extrêmement graves faisant de Kamel Eltaief l’instigateur des décisions et des orientations de la vie politique. D’ailleurs, Farhat Rajhi n’hésitera pas à parler de « gouvernement de l’ombre » convaincu que son éviction du gouvernement Béji Caïd Essebssi relevait d’une décision de l’homme de l ‘ «ombre ». Eu égard au pouvoir avéré ou supposé de Kamel Eltaief, l’ombre de ce dernier continue à planer inexorablement sur la vie politique nationale.