Au cours de la séance consacrée à l’audition du chef du gouvernement par l’Assemblé Constituante, hier vendredi, à propos de l’extradition de Baghdadi Al Mahmoudi, Jebali a finalement craché le morceau : le Libyen a été extradé sous la menace directe des nouvelles autorités de Tripoli, lesquelles considèrent que le refus de leur remettre les fuyards parmi les responsables du régime de Kadhafi constitue un acte d’hostilité. La remise de l’ancien dignitaire libyen obéit a des critères sécuritaires ayant trait à la stabilité du pays et à l’inviolabilité des frontières avec la Libye. C’est la première fois depuis le déclenchement de la polémique de Baghdadi que Jebali sort un argument pareil. Jusque-là, les justifications étaient d’ordre constitutionnel et s’appuyaient l’exclusivité de la décision pour le chef du gouvernement apte à extrader n’importe qui sans aval ni signature du président de la République.
Jebali a toutefois rappelé que l’exécution s’appuie sur une décision prise par l’ancien gouvernement et que la présidence de la république en a été officiellement informée à l’avance.
En plus, pour le premier ministre, l’attentat au cocktail Molotov contre le consulat à Tripoli et l’assassinat d’un marin dont rien ne prouve la relation avec l’extradition de Baghdadi Mahmoudi, ne sont que des faits mineurs face au danger qu’aurait provoqué le refus d’extradition.
Par ailleurs, avant de prendre la décision d’extradition, Jebali a affirmé que le gouvernement s’est assuré de la réunion des garanties requises à travers l’engagement formel de l’autorité libyenne à respecter la dignité et l’intégrité physique de l’ extradé et au vu du rapport de la mission effectuée en Libye par une délégation composée de militants de droits de l’homme et d’hommes politiques tunisiens. Cette assurance s’est confirmée à partir d’un témoignage livré de vive voix par Baghdadi Mahmoudi qui vient d’accorder une interview à la chaîne Zitouna TV, avant hier.
En outre, Hammadi Jebali fait observer qu’en exécutant la décision d’extradition, le gouvernement entend donner l’exemple en se conformant à la légalité internationale en la matière qui ne s’oppose par à l’extradition des criminels et des tortionnaires.
Cet aveu de la part du premier ministre laisse croire qu’il n y a pas eu à proprement parler de marchandage du côté tunisien. C’est-à-dire que le gouvernement n’a pas posé des conditions financières ou autres en contrepartie de la livraison de Baghdadi. De toute façon, les Tunisiens n’étaient pas en position de force comme le laisse entendre Jebali. Mais on imagine que derrière cette extradition il pourrait y voir un joli lot de consolation allant de fonds en espèces à des privilèges pétroliers et économiques au niveau des échanges des deux pays.