Le maréchal Abdel Fatah Al Sissi a annoncé, ce soir, lors d’une allocution diffusée sur la TV égyptienne, sa candidature à l’élection présidentielle, prévue avant la fin du mois de juin prochain, par la Constitution.
«Je me tiens devant vous aujourd’hui pour la dernière fois dans un uniforme militaire, après avoir décidé de quitter mes fonctions de ministre et de chef de l’armée», a-t-il déclaré, avant d’ajouter qu’«en toute humilité, je me présente à la présidentielle de l’Égypte».
Cette annonce vient quelques heures après la réunion – en présence du chef de l’État, Adly Mansour – du commandement de l’armée égyptienne, réunion au cours de laquelle Al Sissi a présenté sa démission de son poste de ministre de la Défense, une des conditions pour qu’il puisse briguer la présidence.
Sur la twittosphère, divers tweets ont dénoncé la tournure radicalement «dictatoriale» que prend l’Égypte, depuis la destitution de Mohamed Morsi, premier président de la République élu démocratiquement. Certains, comme Wael Abbas, dans un style comique, ont feint la surprise devant le dévoilement de ce secret de polichinelle, alors que Mohamed Al Dahshan a simplement commenté : « Idiocracy ».
D’autres ont rappelé une déclaration officieuse d’Al Sissi, rapportée, en juillet 2013, par ses proches et dans laquelle il affirmait qu’il ne briguera pas la présidence pour que «l’Histoire ne retienne pas que l’Armée égyptienne s’était mobilisée pour des intérêts personnels». Une ancienne vidéo d’un de ses discours où il martelait qu’il ne veut absolument pas gouverner l’Égypte a été, aussi, massivement partagée.
Le camp pro-Sissi n’a pas manqué, lui aussi, de se manifester et d’insister sur le fait que l’ancien ministre de la Défense est l’homme de la situation en cette période de lutte contre le terrorisme, qu’ils attribuent, volontiers, à la Confrérie des Frères musulmans.
Pas de stabilité si Al Sissi est élu, commentent les Frères musulmans
Cette dernière a commenté cette candidature en affirmant qu’il n’y aurait «pas de stabilité» en Égypte si Al Sissi est élu, a indiqué l’Agence France-Presse.
Le timing de cette annonce ne serait pas un simple hasard, faut-il le noter. Lundi dernier, la justice égyptienne avait condamné plus de 500 sympathisants des frères musulmans à la peine capitale, dans un procès collectif qualifié de mascarade et d’inique.
Mais Al Sissi s’en fiche, et comme le peuple l’avait «appelé» à le sauver des Frères musulmans, il l’«appelle» aujourd’hui à prendre en main la destinée de l’Égypte. L’Histoire n’est qu’un éternel recommencement…