Depuis l’adoption de la Constitution, les partis politiques sont entrés dans une nouvelle phase, celle des tractations et des coalitions dont l’objectif affiché est d’aborder les futures élections présidentielles et législatives avec les meilleures chances. Une étape importante qui donnera au fil des mois un contour plus distinct du futur paysage politique tunisien.
Tous les partis politiques sont aujourd’hui en phase de restructuration. On pêche de nouveaux «poissons», on lance des ballons d’essais, on improvise des scénarios, on planifie… Tous sont à la recherche du programme «idéal», du candidat qui vous fera gagner une étape ou de la stratégie qui permettra de récolter plus de votes que les concurrents.
A ce jeu, Ennahdha semble s’être déjà lancé dans la bataille à la recherche d’atouts qui redoreront son blason et lui ouvriront les portes du «Paradis». La dernière en date concerne les tractations qui ont lieu entre le parti islamiste et l’Union pour la Tunisie de Slim Riahi. Et d’après, des indiscrétions, Ennahdha aurait l’intention de miser sur le président de l’UPL, Slim Riahi pour être son candidat à la présidentielle.
Rached Ghannouchi aurait même proposé l’homme d’affaires qui serait le candidat des islamistes via l’UPL. La condition serait, bien entendu que l’UPL intègre la coalition formée par Ennahdha et… Ettakatol, qui présenterait, de son côté, son propre candidat.
Pourquoi Ennahdha choisirait-elle Slim Riahi ? Parce qu’elle est toujours à la recherche d’un programme économique solide, parce qu’elle cherche à tout prix à changer son image, lui donner un coup de jeunesse et convaincre les plus «réticents» qu’elle ne fait plus dans l’islamisme à outrance. Slim Riahi sera-t-il convaincu par cette idée, c’est là une autre question !
Lotfi Zitoun, un des cadres du mouvement n’a-t-il pas déclaré récemment «qu’il était impossible pour Ennahdha de présenter un «faucon» à la présidentielle» ? Ameur Laarayedh, n’a-t-il pas déclaré dans le journal Al-Fajr (voir l’édition de vendredi dernier) «qu’il n’est pas impossible qu’Ennahdha propose une personnalité indépendante ou un président de parti à l’élection» ?
Et Hamadi Jebali dans tout ça ! L’ancien Premier ministre et actuel secrétaire général du mouvement serait très probablement démissionnaire pour mener à bien une autre mission, celle de convaincre les déçus d’Ennahdha, les voix perdues en cours de route et surtout celles du CPR. Exit donc la rumeur qui dit que Hamadi Jebali n’est plus en odeur de sainteté au sein du mouvement !
Envoyé au «front» en tant qu’indépendant, Hamadi Jebali aurait pour principale mission de coaliser ces «déçus», de les réunir sous une même bannière. L’Alliance démocratique, le Courant de Mohamed Abbou et Wafa de Abderraouf Ayadi seraient déjà sur la liste de Jebali avec pour objectif, cette fois-ci, de récolter des voix dans le cadre des législatives.
Avec Slim Riahi et Hamadi Jebali, Ennahdha pourrait s’assurer une place au second tour de la présidentielle et pourrait surtout préparer le terrain aux «faucons» lors des législatives.
Reste à savoir comment vont s’organiser les autres fronts. Nidaa Tounes et sa coalition n’ont pas encore clairement affichés leurs stratégies. Al-Joumhouri, qui a quitté l’Union pour la Tunisie serait en tractations pour revenir dans le giron d’Ennahdha, une des raisons qui pourrait même pousser Maya Jeribi à quitter le parti.
M.C.
