L’encours global des crédits aux particuliers s’est établi à 29,702 milliards de dinars à fin juin 2025, contre 29,533 milliards six mois plus tôt. Avec une progression limitée à +0,57 %, selon des chiffres publiés par la Banque Centrale de Tunisie (BCT) et relayés par l’Agence TAP, la croissance du crédit reste historiquement faible. Mais derrière cette stagnation globale, une recomposition silencieuse est à l’œuvre : les ménages revoient leurs priorités.
Le recul de l’immobilier
Longtemps moteur de la dynamique du crédit, l’acquisition de logements marque le pas. Son encours recule de 178 millions de dinars au premier semestre, pour s’établir à 12,949 milliards de dinars. Face à des taux d’intérêt encore élevés, malgré l’assouplissement monétaire décidé en mars (taux directeur abaissé de 8 % à 7,5 %), de nombreux ménages renoncent ou reportent leurs projets immobiliers.
L’essor des crédits souples
En parallèle, les prêts destinés à l’amélioration de l’habitat progressent de manière notable, atteignant 11,183 milliards de dinars (+231 MD). Ces financements, plus flexibles, sont de plus en plus utilisés pour couvrir des dépenses courantes, voire pour soutenir la consommation.
Cette dernière affiche d’ailleurs une légère hausse, à 5,137 milliards de dinars (+108 MD), confirmant un déplacement progressif des usages du crédit vers les besoins immédiats plutôt que vers l’investissement long terme.
Une recomposition sur trois ans
Comparée aux années précédentes, l’évolution est claire :
- 2022 : +6,3 % avec un encours de 26,8 milliards de dinars.
- 2023 : +5,9 %, malgré une politique monétaire plus restrictive.
- 2024 : +4,0 %, première alerte de ralentissement.
- 2025 (S1) : +0,57 %, soit une croissance projetée de seulement 1 % sur l’année.
Jamais, depuis cinq ans, le crédit aux particuliers n’avait connu un tel palier. Mais ce n’est plus seulement une question de volume : c’est la nature même du crédit qui se transforme.
Prudence et arbitrages
Les experts y voient une double tendance : d’un côté, la prudence des ménages face à la cherté de l’argent ; de l’autre, une recomposition des arbitrages financiers. Le logement recule, l’amélioration de l’habitat prend de l’ampleur, et la consommation se maintient.
En somme, les Tunisiens ne réduisent pas seulement leur recours au crédit : ils en changent la logique. Le financement d’un projet immobilier à long terme laisse place à des choix plus pragmatiques, tournés vers l’entretien et les besoins du quotidien.
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