Toute la Tunisie attend avec beaucoup de curiosité le discours que doit faire demain le Chef du gouvernement Habib Essid devant l’Assemblée des Représentants du Peuple. En choisissant de passer par le biais de l’ARP pour laisser sa place, Habib Essid fait croire à l’opinion publique qu’il se dresse en tant que protecteur respectueux de la Constitution et celui qui concrétise le processus démocratique.
Indépendamment de l’appréciation que l’on peut avoir relativement à la nécessité de la formation d’un gouvernement d’union nationale prise par le Chef de l’Etat, Habib Essid, et alors qu’au début, il avait affirmé y être favorable, a ensuite changé de comportement et de méthode à partir du moment où il a compris que l’on ne voulait plus de lui à La Kasbah et qu’il ne serait pas désigné pour former ce gouvernement d’union nationale.
Autrement dit, en choisissant de faire traîner les choses alors que la Constitution prévoit aussi clairement la voie de la démission, il a fait perdre au pays un temps précieux pour entamer un nouveau cycle. Ceci pour la procédure choisie par le chef du gouvernement.
Ensuite et concernant le discours dont il veut prendre à témoin l’opinion publique, les pronostics vont bon train. Laissons- nous prendre à ce jeu et imaginons ce qu’il pourrait dire ?
La première option nous mène vers une défense en règle de son bilan et de ses réalisations à la tête de ce gouvernement. Il pourrait tenter de les énumérer et de mettre en évidence sa réussite dans certains domaines et les projets qui sont en chantier, tout comme les obstacles, administratifs ou conjoncturels, qui se sont dressés devant lui et ses « hommes » pour les atteindre.
Sur ce plan, il convient de souligner que les signataires du « Pacte de Carthage » sont unanimes pour affirmer l’échec du gouvernement actuel dans la gestion des affaires publiques, cela étant intégré en tant qu’introduction à ce document ! De même, les chiffres et la réalité lui sont défavorables.
La seconde option nous mènerait à un discours à caractère politique où il révélerait au peuple tunisien certaines vérités principalement les acteurs politiques (partis ou autres) qui lui auraient mis des bâtons dans les roues et auraient gêné voire bloqué ses programmes en s’ingérant dans sa gestion ou dans ses choix.
Habib Essid pourrait opter pour cette éventualité dans la mesure où on lui prêterait des intentions présidentielles. En se drapant dans les habits de la vertu et de la probité, il pense pouvoir conquérir une popularité qui en ferait, dans plus de trois ans, un candidat à la plus haute magistrature du pays.
Un calcul politicien lointain et un discours qui pourrait se retourner contre son auteur pour n’avoir pas dénoncé ces « fauteurs de troubles » au moment opportun, sans oublier que l’on voit mal le faire, lui l’homme d’un système qu’il ne peut aujourd’hui désavouer pour l’avoir incarné !
Autrement dit, il ne faudra pas, à notre humble avis, s’attendre à un discours dans lequel il divulguerait des réalités crues dont souffrent le pays et qu’il a été, entre autres, incapables de surmonter ou de juguler.
Le contenu de son discours reste donc aléatoire alors que la seule certitude demeure son départ puisque les partis de la majorité ainsi que le Front Populaire devraient voter pour le retrait de la confiance au gouvernement !
L.L.