C’est une foule dense et déterminée qui a envahi, mardi 21 octobre 2025, les rues de Gabès. Partie de la place Aïn Salam, au cœur de la ville, une marche pacifique a rassemblé des centaines d’habitants, militants écologistes et membres d’associations civiles pour dénoncer la pollution chronique provoquée par les activités du complexe chimique tunisien (CGT).
Sous un soleil de fin d’après-midi, les manifestants ont défilé dans le calme, scandant des slogans devenus emblématiques : « الشعب يريد تفكيك الوحدات » (« le peuple veut le démantèlement des unités »).
Le cortège a traversé les artères principales de la ville de Aïn Salam (Jara), avant d’atteindre Bab El Bahr puis le corniche, point de rassemblement final.
Les organisateurs ont insisté sur le caractère pacifique et citoyen de la manifestation, malgré une présence policière visible.
Une grève générale suivie massivement
Cette marche s’inscrivait dans le cadre d’une grève générale régionale massivement suivie.
Selon Ahmed Chelbi, président de la section régionale de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), la mobilisation a été « réussie à 100 % ».
« Tous les commerces, cafés et restaurants ont fermé leurs portes. Même les chauffeurs de taxi ont mené une action symbolique de soutien avant de reprendre le travail », a-t-il déclaré sur les ondes de Jawhara FM.
Les bureaux administratifs et la majorité des établissements publics ont également suspendu leurs activités, illustrant l’ampleur de la colère populaire.
Appels à un traitement politique et non sécuritaire
Dans des communiqués distincts, la LTDH, ainsi que les partis du Travail et du Courant démocratique social (Al Massar), ont exprimé leur soutien aux habitants de Gabès et leur rejet de la répression sécuritaire observée lors de précédents rassemblements.
Ces organisations appellent à un « traitement politique, environnemental et social » du dossier, et non à une gestion répressive.
Elles demandent en outre la libération immédiate des manifestants arrêtés et la mise en place d’un plan de dépollution durable pour la région.
Depuis des années, la région de Gabès — seule oasis littorale de Méditerranée — vit au rythme d’une pollution industrielle extrême, issue principalement des activités du complexe chimique.
Les rejets dans la mer et l’air ont profondément altéré les écosystèmes et la santé publique, faisant de la ville un symbole national de la crise environnementale tunisienne.
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