En décembre 2022, l’agence de notation Fitch Ratings avait relevé la notation par défaut des émetteurs en devises à long terme (IDR) de la Tunisie à « CCC+ » au lieu de « CCC » suite à la conclusion d’un accord (de principe) avec le Fonds Monétaire International. L’agence vient d’abaisser la note de la Tunisie à « CCC-« .
Cette nouvelle notation « reflète l’incertitude quant à la capacité de la Tunisie à mobiliser des fonds suffisants pour répondre à son important besoin de financement.
Cela reflète l’échec de la mise en œuvre des actions préalables pour un programme convenu avec le FMI, qui serait nécessaire pour débloquer le financement bilatéral associé qui sous-tend le plan de financement de la Tunisie.
Notre scénario central prévoit un accord entre la Tunisie et le FMI d’ici la fin de l’année, mais c’est beaucoup plus tard que nos prévisions précédentes et les risques restent élevés », a expliqué l’agence.
Fitch Ratings a estimé que « les besoins de financement du gouvernement seront élevés, à environ 16% du PIB en 2023 (environ 7,7 milliards de dollars) et 14% du PIB en 2024 (7,4 milliards), bien au-dessus de la moyenne 2015-2019 de 9%, et l’un des plus élevés parmi les pairs notés « C » / « D ».
Déficits budgétaires élevés
Cette situation résulte de déficits budgétaires élevés et d’échéances de dette importantes, tant au niveau national – le gouvernement ayant de plus en plus recours à des financements nationaux à court terme pour compenser la rareté des financements extérieurs – qu’au niveau externe, y compris les remboursements d’euro-obligations (500 millions d’euros en 2023 et 850 millions d’euros en 2024).
Aussi, le plan de financement du gouvernement repose sur un financement extérieur de plus de 5 milliards de dollars (10% du PIB).
« Nous pensons que la majeure partie du plan dépend d’un programme du FMI et qu’il ne sera probablement pas entièrement mobilisé cette année, même si un accord avec le FMI est conclu au second semestre de l’année 2023.
Dans notre scénario central, la Tunisie débloquerait environ 3,5 milliards de dollars du financement externe prévu en 2023. Cela créerait des besoins de financement intérieur d’environ 13,5 milliards de dinars (8,5% du PIB), soit environ 25% de plus que la moyenne des trois dernières années et plus de trois fois la moyenne 2015-2019.
« Les sources de financement alternatives
pour 2024 ne sont pas claires »
Nous pensons que cela mettra à rude épreuve la capacité d’absorption de la dette publique du marché intérieur, principalement couverte par le système bancaire, et nécessitera des injections continues de liquidités de la part de la banque centrale ».
« En l’absence d’un accord avec le FMI, nous pensons qu’un financement extérieur d’environ 2,5 milliards de dollars pourrait être obtenu en 2023 – principalement de l’Algérie, d’AfreximBank, de prêts-projets de partenaires multilatéraux et d’une augmentation des subventions de partenaires bilatéraux – ce qui intensifie les difficultés de financement. Les sources de financement alternatives pour 2024 ne sont pas claires », a encore noté l’agence.
De « CCC » à « CCC+ »
Rappelons que le 1er décembre 2022, Fitch Ratings avait relevé la notation par défaut des émetteurs en devises à long terme (IDR) de la Tunisie à « CCC+ » au lieu de « CCC ». La note de la Tunisie avair été relevée à la suite de la conclusion de l’accord avec le Fonds Monétaire International.
Ce relèvement de la note à « CCC+ » reflètait, selon Fitch Ratings, son opinion « selon laquelle l’accord conclu avec le FMI au niveau des services du FMI pour un nouveau mécanisme élargi de crédit (MEDC) de 48 mois d’un montant de 1,9 milliard de dollars permettra de débloquer des montants importants de financement officiel des créanciers et de soutenir la consolidation budgétaire, malgré l’incertitude quant à l’adhésion continue au programme ».
« Le programme du FMI vise à remédier aux principales faiblesses structurelles de la Tunisie (par la mobilisation des recettes, le contrôle de la masse salariale publique, les subventions et les réformes des entreprises du secteur public (EOS) et ne nécessitera pas de restructuration de la dette », ajoutait la même source.
Selon FR, des négociations sont actuellement au stade final entre les autorités tunisiennes et l’Arabie saoudite, Abu Dhabi et Afreximbank pour un financement d’environ 1,3 milliard de dollars, qui avec la première tranche du FMI, comblerait le déficit de financement pour 2022.