Alors que la canicule s’installe durablement sur le territoire, la Société Tunisienne de l’Électricité et du Gaz (STEG) a relancé, le 12 juillet, son appel habituel à la modération énergétique. Comme chaque été, l’entreprise publique invite les citoyens à limiter leur consommation d’électricité durant les heures dites de « pic », notamment entre 11h et 16h, afin d’éviter une surcharge du réseau national.
Des consignes récurrentes, mais peu évaluées
Dans une publication diffusée sur sa page Facebook, la STEG conseille de reporter l’utilisation d’appareils énergivores tels que le four, la machine à laver, le sèche-cheveux ou encore le fer à repasser après 16h. Ce geste simple, selon l’institution, vise à « se protéger et protéger le pays » dans un contexte où la demande d’électricité explose.
Ce type de communication n’a rien de nouveau. Depuis plusieurs années, la STEG répète les mêmes recommandations à l’approche ou en cours d’été, souvent à la suite de pics record. En juillet 2023, un seuil historique de 4825 MW avait été franchi, et la tendance s’est maintenue en 2024. Cette année encore, un pic de 4363 MW a été enregistré le 5 juillet, d’après les derniers communiqués de l’opérateur national.
Une consommation structurellement élevée en été
Avec la généralisation de la climatisation dans les foyers tunisiens, la demande estivale devient structurellement plus forte, et parfois difficilement compressible. La tranche horaire 11h–16h, correspondant au pic de chaleur et d’activité domestique, est identifiée depuis des années comme la zone critique pour le réseau.
Mais si le rappel est bien rodé, son efficacité concrète reste incertaine. La STEG ne publie aucun indicateur précis permettant de mesurer l’évolution de la courbe de charge après la diffusion de ses messages. L’entreprise ne dispose pas, non plus, d’un mécanisme incitatif — à l’instar d’un tarif différencié selon les heures de consommation — qui permettrait de renforcer l’impact de ses campagnes.
Une stratégie avant tout pédagogique
Ces appels à la vigilance ont toutefois une fonction pédagogique évidente : ils instaurent une forme de conscience collective autour de la vulnérabilité du système énergétique national. Ils soulignent également l’absence d’alternatives rapides dans un contexte marqué par la lenteur des investissements dans les énergies renouvelables, le vieillissement des infrastructures, et la pression croissante sur les ressources de production.
À défaut de solution structurelle immédiate, la STEG parie donc sur la responsabilisation progressive des usagers. Reste à savoir si ce pari suffira à atténuer les tensions récurrentes qui pèsent, chaque été un peu plus, sur l’équilibre énergétique du pays.