Alors que la Tunisie est toujours confrontée à une crise politique inédite, l’échiquier politique ne cesse de devenir plus complexe. En effet, si pour certains, la crise des partis a considérablement nui à la stabilité politique et économique du pays, pour d’autres, il s’agit d’un problème de gouvernance post-révolution.
Ce qui illustre cet échiquier politique extrêmement complexe c’est notamment la relation entre le parti Ennahdha et Qalb Tounès. Tantôt alliés contre-nature, tantôt adversaires politiques et idéologiques, ces deux partis semblent être livrés à un jeu politique hasardeux et dont les finalités sont inconnues.
Pendant la campagne électorale, ils se sont échangés les accusations de corruption, de manipulation et même d’instrumentalisation de la religion. On se rappelle tous des déclarations de Rached Ghannouchi concernant l’intégrité du parti Qalb Tounès et promettant que son parti ne tendra jamais la « main à un parti corrompu ».
Sauf qu’après les élections de 2019, l’image politique s’est progressivement construite autour d’un jeu d’alliances multidimensionnel entre les deux partis, à commencer par l’ascension de Rached Ghannouchi à la tête de l’ARP, arrivant à la chute du gouvernement Jemli en passant par le dossier judiciaire de Nabil Karoui.
Il faut aussi revenir sur les motions de censure contre Rached Ghannouchi pour comprendre la relation entre les deux partis. En effet, il se trouve que le sort de Rached Ghannouchi à l’ARP est entre les mains de Qalb Tounès, puisque son vote sera crucial pour ce qui est de la motion de censure. Encore faut-il le rappeler, c’est ce parti qui avait sauvé Rached Ghannouchi lors de la première motion de censure qui a failli mettre fin au pouvoir du président d’Ennahdha.
Rappelons également que Qalb Tounès a soutenu l’ascension du chef du parti islamiste au perchoir. Sauf que l’alliance entre Ennahdha et Qalb Tounès serait fragile et peut connaître des rebondissements à tout moment.
Dernièrement les positions des deux partis ont été divergentes à tous les niveaux, notamment au sujet d’un présumé coup d’Etat du côté du palais de Carthage.
Si pour Ennahdha, le président de la République n’est pas innocent dans cette affaire, le parti Qalb Tounès pense tout à fait le contraire. Le président du bloc parlementaire de Qalb Tounès est allé jusqu’à appeler Rached Ghannouchi à contrôler les responsables nahdhaouis qui s’attaquent au président de la République dans une ambition de mener le pays vers l’instabilité.
Tout ce contexte politique intervient au moment où plusieurs informations laissant croire qu’Ennahdha a décidé de sacrifier le chef du gouvernement Hichem Mechichi pour sauvegarder son positionnement politique. C’est d’ailleurs, une autre source de conflit entre les deux partis, alors que Qalb Tounès est toujours attaché à soutenir Hichem Mechichi.