Depuis la publication de l’investigation réalisée par I Watch, concernant la chaîne Nessma TV et les soupçons de corruption, la tension entre l’ONG et les frères Karoui, notamment Nabil, ne cesse de monter.
Dans ce rapport, I Watch avait, à l’époque, émis des soupçons contre le groupe Karoui pou évasion fiscale par le biais d’un groupe de filiales installées dans plusieurs pays, notamment au Luxembourg. Entre plaintes et enquêtes, les deux parties sont montées au créneau, et la situation semble s’aggraver pour le directeur de la chaine privée.
Un enregistrement audio fuité a été publié dans la soirée du dimanche 16 avril 2017 sur Facebook, dévoilant l’avis et les intentions de Nabil Karoui par rapport à I Watch et à ses responsables.
L’ex leader de Nidaa Tounes annonce explicitement et directement son envie de « massacrer » l’organisation à travers la réalisation de reportages mensongers qui s’attaquent aux proches et aux familles des responsables d’I Watch dans le but de les « détruire » et de les « salir ».
« Il faut que la bande-annonce du reportage montre les responsables de I Watch comme des corrompus, des traîtres qui reçoivent de l’argent de parties extérieures pour vendre leur pays, en diffusant leurs noms et leurs photos. […] Il faut préparer une bande-annonce de pure diffamation », indique Nabil Karoui dans l’enregistrement.
En réponse à cet enregistrement fuité, l’ONG I Watch a publié une nouvelle fois son rapport intitulé « Ce que cache la chaîne des frères Karoui » et a appelé l’Etat à réagir.
« I Watch a usé de toutes les voies juridiques avec Nessma TV. On a porté plainte au pôle judiciaire et financier, à l’administration fiscale, aux autorités douanières sur la question de l’évasion fiscale. Après la campagne de diffamation, on a porté plainte auprès de la HAICA jusqu’à ce qu’on ait perdu espoir. On a porté plainte auprès de l’Instance nationale de lutte contre la corruption, en vain.
[…] On nous diffame et l’Etat ne fait qu’observer. Il n’y a pas plus que ça à faire, on espère que l’Etat passera à l’action, parce qu’on croit toujours que la Tunisie est un Etat de lois », a indiqué l’ONG.
D’autre part, l’organisation Bawsalaa exprimé son soutien à I Watch via un communiqué dans lequel elle dénonce l’instrumentalisation des médias contre une organisation de la société civile.