On sentait venir ce énième revirement dans la position des islamistes quant à l’entame immédiate du dialogue national avec l’intervention « souple » et « soft » de l’un de leurs faucons présumés, le ministre de la Santé Abdellatif Mekki. Aujourd’hui et dans l’émission midi show sur Mosaique FM, et après avoir fustigé le président de la ligue tunisienne des droits de l’homme, Maître Abdessatar Ben Moussa, le qualifiant carrément de « minus », ne représentant personne, il a souligné la disponibilité de son mouvement de prendre part au dialogue national.
C’est donc sans surprise particulière que les Islamistes d’Ennahdha viennent de publier, aujourd’hui, un communiqué, signé par leur leader Rached Ghannouchi, et dans lequel ils déclarent « le mouvement Ennahdha souligne de nouveau son acceptation de l’initiative du quartet de la société civile et l’ouverture immédiate du dialogue national sur sa base. De même, il renouvelle son invitation à toutes les parties à dépasser leurs différends par le dialogue et à rechercher le consensus afin d’épargner au pays les dangers de la violence et de le mettre sur la voie de l’achèvement du processus transitionnel » avant de terminer en affirmant « Ennahdha entre au dialogue national décidé de faire aboutir l’initiative du quartet.»
Franchement, il nous semble qu’il est devenu de plus en plus pénible et difficile de suivre les « pérégrinations verbales » des Islamistes qui poursuivent d’user d’un discours et de son contraire.
On se rappelle que le samedi, ils avaient carrément accusé le quartet de la société civile de partialité rejetant son initiative et l’assortissant de ses propres conditions qui ne se confondaient nullement avec celles proposées par les quatre partenaires de la société civile.
Maintenant, qu’est-ce qui a pu faire changer les Islamistes d’idée ?
Est-ce la décision de l’UGTT et de ses partenaires de faire monter la dose par une série de manifestations qui pourraient mobiliser l’opinion publique et accélérer la chute du gouvernement nahdhaoui tout en provoquant une grande tension qui pourrait déboucher sur l’explosion de la violence ? Ou bien, les Islamistes ont finalement accepté de participer sérieusement à ce dialogue national ? Ou bien enfin ne s’agit-il pas encore une fois d’une énième position destinée simplement à désamorcer la tension actuelle et gagner encore du temps pour continuer son œuvre de noyautage de l’administration et des institutions de l’Etat ?
Ensuite, la principale question qui se pose est relative aux conditions d’Ennahdha ?
De par leur communiqué, on croit lire qu’il a accepté les conditions et les propositions du quartet et que le dialogue national ne sera, en fait, consacré qu’à une discussion sur leur application, notamment dans le temps.
Si tel est, enfin, la véritable et la dernière version de la position des Islamistes, on ne peut que s’en féliciter dans la mesure où elle va permettre un nouveau départ politique qui pourrait être salutaire pour le pays.
Mais, attendons pour voir ! Ils nous ont tellement habitués à dire la chose et son contraire que nous ne pouvons pas, pour le moment, faire preuve d’un optimisme béat…