Le Conseil d’Administration de la Banque centrale de Tunisie a passé en revue les évolutions récentes de la conjoncture économique et publié son rapport dans un communiqué qui débute par une note positive résultant de la détente observée sur le plan politique et surtout de l’adoption de la Constitution, deux éléments de nature à envoyer des messages rassurants aux opérateurs économiques tant sur le plan national qu’à l’étranger et à contribuer à un regain de confiance, ainsi qu’à préparer le terrain favorable à l’amélioration du climat des affaires et à la reprise du rythme de l’activité économique et de la croissance.
3,8% de croissance en 2014
À l’échelle nationale, le Conseil a examiné les principales évolutions sur le plan économique et financier, à travers l’analyse des derniers indicateurs économiques, monétaires et financiers et qui ont été globalement en deçà des objectifs souhaités. Ainsi, il est prévu de réaliser un taux de croissance entre 2,6% et 3% pour l’année écoulée avec une persistance des pressions sur les équilibres financiers, sachant que les estimations actualisées du Budget Economique pour l’année 2014 font état d’un taux de croissance attendu de l’ordre de 3,8%, sur fond d’une amélioration anticipée de la demande intérieure, surtout en matière d’investissement, outre l’évolution positive de la demande extérieure.
Amélioration en vue pour le secteur agricole
Cette amélioration de l’activité économique devrait concerner surtout le secteur agricole qui a été affecté par les facteurs climatiques défavorables qui ont prévalu en 2013, et le secteur des services, notamment le tourisme qui a affiché de faibles résultats au cours de la même année (-0,2% pour les nuitées, 5,3% pour les entrées et 1,7% pour les recettes). En outre, une hausse du rythme de la production dans le secteur industriel est prévue surtout dans les industries exportatrices et dans les secteurs qui ont été affectés par l’arrêt de l’activité de production et du transport à l’instar des industries non manufacturières (-0,8% au terme du mois de septembre 2013 contre 4,6% une année auparavant), en particulier dans le secteur des mines.
6,1% d’inflation en 2013
Pour ce qui est de l’évolution des prix, le Conseil a observé un retour des tensions inflationnistes après une certaine détente enregistrée au cours des derniers mois, ce qui a porté le taux d’inflation à 6,1% en moyenne en 2013 contre 5,6% un an plus tôt, sous l’effet, surtout, de la hausse des prix des produits alimentaires (8% contre 7,5%). L’inflation de base (hors produits encadrés et frais) a également connu une tendance similaire pour se situer au niveau de 6,4% contre 5,4% en 2012.
Avoirs nets en devises : 102 jours d’importation
S’agissant du secteur extérieur, le Conseil a signalé la poursuite des pressions sur la balance des paiements, avec un déficit courant se situant à 8,3% du PIB au terme de l’année 2013 (contre 8,2% un an plus tôt), sachant que le déficit commercial a enregistré une hausse de 1,5% d’une année à l’autre et ce, malgré le ralentissement du rythme des échanges commerciaux avec l’extérieur. En conséquence, les avoirs nets en devises ont clôturé l’année 2013 au niveau de 11.602 MDT ou l’équivalent de 106 jours d’importation, contre 12.576 MDT et 119 jours à fin 2012. Ces avoirs ont atteint 11.230 MDT ou 102 jours d’importation à la date du 28 janvier 2014, niveau qui demeure acceptable compte tenu des difficultés relatives au secteur exportateur, d’une part, et à la mobilisation des ressources extérieures, d’autre part.
Hausse du taux d’intérêt moyen
Au plan monétaire, le Conseil a signalé la relative détente de la situation de la liquidité bancaire enregistrée au cours de l’année écoulée par rapport à l’année 2012, ce qui a réduit l’intervention de la Banque Centrale sur le marché monétaire au niveau de 4.299 MDT, en moyenne, contre 4.542 MDT une année auparavant. Aussi, le maintien des besoins en liquidité des banques à un niveau élevé s’est-il traduit par la hausse du taux d’intérêt moyen sur le marché monétaire pour s’élever à 4,59% en 2013 contre 3,75% l’an passé. En revanche, au début de l’année en cours, les taux d’intérêt ont baissé revenant à 4,72%, en moyenne quotidienne sur le marché monétaire, au mois de janvier contre 4,74% en décembre dernier.
Le dinar en hausse
Pour ce qui est de l’évolution du taux de change, le Conseil a noté l’amélioration qu’a connue la valeur du dinar avec une hausse de 3,3% et 2,5%, enregistrée respectivement, contre l’euro et le dollar américain depuis le début de l’année en cours, atteignant 2,1947 dinars et 1,6059 à la date du 29 janvier et ce, après avoir accusé, au terme de l’année 2013, un repli de 9,7% vis-à-vis de l’euro et 5,8% contre le dollar par rapport à la fin de l’année dernière.
A la lumière de ces évolutions, le Conseil a exprimé de nouveau son optimisme concernant la progression du processus politique et ses retombées positives sur l’amélioration de la visibilité pour les investisseurs et les institutions de financement, ainsi que sur le renforcement de la coopération avec les institutions financières internationales.