Les professeurs et cheikhs de l’Université Zitouna ont exprimé leur refus du discours du président de la République, en date du 13 août dernier, dans lequel il a indiqué que « l’Etat tunisien n’a rien à voir avec la religion et le Coran ».
Dans un communiqué publié hier, mardi 28 août 2018, ils ont dénoncé « l’attitude sélective dans le traitement de la Constitution tunisienne » et ont tenu à insister que les Tunisiens, comme l’indique leurs lois, tiennent à l’Islam et à ses principes.
« Certains articles de la Constitution prouvent le référent islamique de l’Etat », indique le communiqué, qui réitère le refus absolu des professeurs et cheikhs de l’Université Zitouna du principe de l’égalité dans l’héritage.
« Le référent islamique et l’identité du peuple tunisien ne sont pas contraires de l’Etat civil », souligne-t-on.
Notons qu’il s’agit du second commentaire publié par l’Université Zitouna quant au rapport de la Commission des libertés individuelles et de l’égalité (Colibe).
En juin, l’Université avait annoncé qu’elle n’assume aucune responsabilité scientifique ou morale de ce qui a été présenté dans le rapport de la Colibe, présenté au président de la République le 1er juin.
Dans un communiqué l’université avait estimé que ce rapport porte atteinte à l’Islam, à ses bases et à ses instructions, assurant que dans les semaines à venir une réponse scientifique au rapport aux suggestions de la Colibe sera publié.
Par la suite, c’est le syndicat de base des prédicateurs, relevant de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), qui avait rejoint la polémique.
Le syndicat avait exprimé son « refus catégorique des propositions présentées dans le rapport de la Colibe ». Des propositions que le syndicat a qualifié de « contraires à la religion de l’Islam et destructives des valeurs familiales et des bonnes mœurs ».
« Certaines bases de la Chariaa ne peuvent pas être interprétées ou changées, souligne-t-on. « Le rapport comporte un nombre de suggestions qui porte atteinte à la nature humaine en général, et à l’identité tunisienne plus spécifiquement ».
Enfin, un haut dirigeant d’al-Azhar, Mahmoud Mhanna, avait également réagi, estimant que ni la Tunisie ni son président n’ont le droit de « légiférer et modifier la religion d’Allah ».
« J’appelle le président tunisien à lire les paroles de Dieu et du prophète et à ne pas oublier le jour où ni la présidence ni l’argent ni ses enfants ne lui feront de bon », avait-il déclaré.