Donald Trump est de retour, et avec lui, une politique étrangère qui n’a rien de subtil. Dernier coup d’éclat : la suspension temporaire de l’aide américaine à l’étranger pour « évaluer l’efficacité des programmes ». Traduisons : une manière de dire au monde qu’il est temps de se débrouiller seul. Mais pour la Tunisie, ce n’est pas qu’une question de chiffres.
Depuis des années, la Tunisie bénéficie d’une assistance américaine dans le domaine sécuritaire. Un soutien qui a permis de financer des équipements modernes et des formations pointues. Mais voilà, avec Trump, l’époque des aides désintéressées (si tant est qu’elle ait jamais existé) semble toucher à sa fin. On en revient à une règle simple : rien n’est gratuit, et encore moins en politique internationale.
Cette suspension concerne la majorité des programmes d’aide, à l’exception notable de l’assistance militaire à Israël et à l’Égypte, ainsi que de l’aide alimentaire d’urgence.
Autant rappeler que la Tunisie bénéficie depuis plusieurs années d’une assistance américaine significative, notamment dans le domaine de la sécurité. Cette aide vise à renforcer les capacités des forces de sécurité tunisiennes dans la lutte contre le terrorisme et à assurer la stabilité régionale.
Faisons un petit bilan. Au cours des dernières années, l’aide américaine à la Tunisie a connu des variations notables. Entre 2016 et 2021, cette assistance s’élevait en moyenne à plus de 179 millions de dollars par an, destinés notamment aux questions sécuritaires et militaires.
En 2020, un record a été atteint avec une aide totale de 241,4 millions de dollars, comprenant des fonds pour le soutien économique et des garanties de prêt.
Cependant, en 2022, les États-Unis ont annoncé une réduction significative de leur aide, diminuant de moitié les fonds alloués par l’USAID à la Tunisie, en raison de préoccupations concernant des « régressions démocratiques ».
En novembre 2024, l’ambassade des États-Unis à Tunis a annoncé une contribution de 76,5 millions de dinars tunisiens (environ 24,85 millions de dollars) pour soutenir le secteur des dattes en Tunisie, dans le cadre du programme « Food for Progress » du ministère américain de l’Agriculture.
Pourquoi ne pas transformer cette situation en opportunité ? Diversifions nos alliances. L’Union européenne, les pays du Golfe ou même des puissances émergentes comme la Chine pourraient compenser ce déficit. Certes, cela implique des compromis, mais c’est le prix à payer pour retrouver une certaine autonomie.
Il est essentiel de noter que la suspension actuelle est prévue pour une durée de 90 jours, période durant laquelle une évaluation des programmes sera menée. Les résultats de cette évaluation détermineront si l’aide sera rétablie, modifiée ou définitivement suspendue. La Tunisie devra donc suivre de près l’évolution de cette situation et envisager des stratégies alternatives pour garantir sa sécurité nationale en cas de réduction prolongée de l’aide américaine.
Cette suspension n’est pas qu’une mesure administrative. C’est un électrochoc. Elle nous rappelle que la Tunisie ne peut plus se contenter de compter sur la générosité des autres. Il est temps d’investir dans nos propres capacités, de renforcer nos institutions et de prouver que nous sommes capables de prendre en main notre destin, c’est la voie que, visiblement, emprunte le président de la République, mais les défis sont énormes.