Le secrétaire d’État Mohamed Ben Ayed a reçu, lundi 7 avril, l’ambassadeur américain Joey Hood, alors que les tensions commerciales entre les deux pays s’intensifient. Cette rencontre stratégique a eu lieu deux jours après l’entrée en vigueur d’une taxe américaine de 28 % sur des produits phares de l’exportation tunisienne, tels que l’huile d’olive et les dattes.
Lors de l’entretien, M. Ben Ayed a réaffirmé la volonté de la Tunisie de renforcer ses relations de coopération avec les États-Unis, en mettant l’accent sur les secteurs économique et commercial. Les discussions ont principalement porté sur ces nouvelles mesures douanières et les stratégies possibles pour en réduire l’impact négatif sur l’économie tunisienne.
De son côté, l’ambassadeur Hood a souligné « la profondeur de l’amitié » historique entre les deux nations et l’importance que Washington accorde au développement des relations bilatérales dans des domaines d’intérêt commun.
Ces nouvelles taxes représentent une menace sérieuse pour la compétitivité des exportations tunisiennes vers le marché américain, qui avaient atteint 1,9 milliard de dinars (environ 600 millions de dollars) en 2024. Face à ce défi, la Tunisie pourrait envisager une approche similaire à celle du Zimbabwe, qui, confronté à des mesures comparables, a suspendu ses propres droits de douane sur les importations américaines pour favoriser la reprise des négociations avec l’administration Trump.
Un ancien diplomate appelle à une « diplomatie plus audacieuse »
Dans ce contexte tendu, l’ancien ambassadeur tunisien à Washington, Nejib Hachana, a déclaré hier sur les ondes de Mosaique FM que le secteur des pièces détachées automobiles serait le plus durement touché par cette décision américaine. Hachana a plaidé pour l’adoption d’une « diplomatie plus audacieuse » dans les relations avec les États-Unis, rappelant que la Tunisie a historiquement réussi à défendre ses intérêts grâce à son action diplomatique depuis l’indépendance.
L’ancien diplomate a également déploré l’affaiblissement de la diplomatie tunisienne depuis janvier 2011, l’attribuant aux nominations fréquentes à la tête du ministère des Affaires étrangères et à l’absence d’une vision stratégique claire. Il a rappelé qu’entre 1957 et 1987, les États-Unis avaient contribué à hauteur de 5 milliards de dollars au développement de la Tunisie, principalement sous forme de dons et de prêts à conditions avantageuses, avec des taux d’intérêt ne dépassant pas 1 à 2 %.