Démission ou limogeage, le départ du ministre des affaires étrangères Khemaied Jhinaoui et du ministre de la Défense nationale Abdelkrim Zbidi, de leurs postes a été une surprise pour les Tunisiens, comme pour les responsables eux-mêmes.
Les raisons derrière la décision prise par les deux présidences n’ont pas été dévoilées ni expliquées, mais les informations commencent à fuser. On parle, en effet, de soupçons de corruption.
Selon Mohamed Haythem Beltif, consul de Tunisie à Malte, il existe des soupçons de corruption financière à l’ambassade de Tunisie à Malte qui portent sur le dévoilement d’informations et documents secrets de l’État et le détournement de fonds publics, en plus de la saisie de documents secrets frauduleux.
Le diplomate assuré que le ministre Jhinaoui a été informé de tous ces dossiers, mais n’a pris aucune mesure à cet effet.
« Certains dossiers de corruption au ministère sont bloqués par l’ancien ministre des Affaires étrangères Khemaies Jhinaoui parce que les personnes impliquées sont proches de lui… [..] il était au courant de tout ce qui se passe et il n’a pas bougé », a-t-il ajouté, ce mercredi 30 octobre 2019, sur Mosaique fm.
Le Consul a poursuivi dévoilant l’existence de « nominations de personnes proches de Jhinaoui sans aucun respect des normes, tel que l’actuel ambassadeur de Tunisie à Malte, qui occupait le poste de consul à Gênes et autour duquel il existe des soupçons de détournement de fonds publics. « Les accusations ont été prouvées contre cette personne, mais le ministère n’a pas renvoyé le dossier à la justice », assure-t-il.
« Le représentant de la Tunisie auprès des Nations unies est un retraité âgé de 67 ans au moment où le ministère compte de nombreuses personnes compétentes. Mais, cette personne étant proche de l’ancien ministre des Affaires étrangères, a été nommée à ce poste », déclaré Mohamed Haythem Beltif.
Rappelons que la présidence du gouvernement a annoncé hier qu’après consultation du Président de la République, Kais Saied, et conformément aux dispositions des articles 92 et 89 de la Constitution, les décisions suivantes ont été prises :
– Le ministre de la Défense nationale, Abdelkrim Zbidi, est démis de ses fonctions. Le ministre de la Justice Karim Jammousi sera en charge du département conformément aux dispositions légales en vigueur.
– Le ministre des Affaires étrangères Khemaies Jhinaoui est démis de ses fonctions. Le secrétaire d’État au Ministère des Affaires étrangères, Sabri Bachtobji sera en charge du département conformément aux dispositions légales en vigueur.
– Le secrétaire d’Etat aux Affaires économiques, Hatem Ferjani, est démis de ses fonctions
De leur côté, Jhinaoui et Zbidi ont affirmé avoir présenté leurs démissions avant d’être démis par le chef du gouvernement Yousef Chahed.
En effet, Khémaies Jhinaoui a indiqué qu’il a décidé de démissionner de ses fonctions de ministre des Affaires étrangères car « il lui est impossible de poursuivre ses fonctions comme l’exige les usages diplomatiques ».
Dans sa lettre de démission adressée au président de la République et au chef du gouvernement dont copie est parvenue à l’agence TAP, Jhinaoui a justifié sa démission par « l’impossibilité de continuer sa mission à la tête du département des affaires étrangères comme l’exige les usages diplomatiques ». Lesquels usages requièrent, selon lui, l’harmonisation des institutions de l’Etat dans l’intérêt de la Tunisie et de son rayonnement sur la scène internationale.
Pour sa part Abdelkarim Zbidi a affirmé qu’il a été reçu ce matin au Palais de Carthage par le chef de l’Etat pour le convaincre d’activer sa démission présentée depuis le mois d’aout dernier. Zbidi s’est dit étonné après avoir su qu’il a été démis de ses fonctions.