La participation du Chef du gouvernement Ahmed Hachani au Forum de Davos est-elle vouée à l’échec comme ce fut le cas pour sa prédécesseure Nejla Bouden, laquelle n’avait pas réussi à convaincre ses interlocuteurs quant à débloquer l’aide du FMI ?
Qui saurait, aujourd’hui, nous dire, sans amalgame, quelle position l’Etat tunisien a-t-il vis-à-vis du FMI ou des autres institutions financières internationales ?
Ce questionnement résulte du flou qu’entretiennent les responsables tunisiens à l’égard de ces institutions non seulement au niveau de la forme et au cadre dans lequel doivent s’insérer l’aide financière internationale, mais également du bien-fondé de l’aide elle-même.
A ce jour, seul le président de la République s’est prononcé expressément sur cette question, en réitérant son rejet de toute condition et de tout diktat des institutions internationales sur les réformes que doit engager l’Etat tunisien.
Hachani a-t-il agi de son propre chef ?
Où devons-nous situer le voyage de Hachani à Davos ? Dans le sillage de ceux effectués par Youssef Chahed et Bouden qui avaient plaidé la cause tunisienne quant à l’urgence de l’aide internationale ?
Ou est-ce que le but de ce voyage est de continuer à entretenir un semblant de coopération avec des institutions qu’on dénigre au fond, mais avec lesquelles on n’aimerait pas couper définitivement les ponts ?
A bien des égards, quand on écoute les propos de Kaïes Saïed sur les institutions financières internationales et ses critiques sur leur façon d’accorder des aides aux pays qui en expriment le besoin, on est tenté de dire que le Chef de l’Etat est contre tout financement émanant principalement du FMI.
Si cette thèse semble se vérifier – du moins dans les propos du Président – quelle signification donnerions-nous, dès lors, au voyage effectué au courant de la semaine par Ahmed Hachani à Davos et aux entretiens qu’il a eus avec un nombre de responsables d’institutions financières internationales dont la Directrice du FMI, Kristalina Georgieva.
Dans le même ordre d’idées, pourquoi le Chef de gouvernement assure-t-il à la responsable du FMI que les engagements financiers extérieurs de la Tunisie au titre de l’année 2023 ont été honorés, et qu’il en sera de même pour la dette de 2024 ?
N’est-ce pas là une invitation adressée à son interlocuteur pour qu’elle revoie sa position sur le prêt à la Tunisie ou du moins alléger les conditions qui entourent son déblocage ?
Dire la vérité toute la vérité !
Cela dit, nous ne pensons pas que le Premier ministre a agi de son propre chef en voyageant à Davos, un événement de cette importance devant être préparé à l’avance avec la délégation qui l’a accompagnée, bien que nous soyons surpris par la défection du Gouverneur de la Banque centrale qui n’a pas pris part à l’événement. La fin de son mandant à la tête de l’institution monétaire explique-t-il ce forfait ?
Sans doute, entre autres objectifs de la participation de Hachani à Davos était de discuter avec des responsables de pays « amis » sur des accords de financement du Budget de 2024.
Des accords que la plupart des pays sinon tous suspendent au feu vert du FMI, quand celui-ci finit par débloquer son aide à la Tunisie. A ses conditions !
Chahir CHAKROUN