La députée CPR Samia Abbou a perdu une occasion de se taire en affirmant à la télévision que Beji Caid Essebsi pourrait être le commanditaire de l’assassinat de Chokri Belaid car il en serait le principal bénéficiaire. Des propos graves, absurdes et mensongers qui, cruellement pour cette élue si véhémente sont cousus de fil blanc et puent la manœuvre politicienne à plusieurs lieues.
Principale victime d’une chute de la Troika, le CPR s’il perdait son parapluie nahdhaoui pourrait alors se replier sur un sofa. Que représente le parti de Mme Abbou et consorts s’il n’avait pas vendu son âme et les voix de ses militants pour devenir le supplétif des islamistes ?
Ayant tourné le dos à son camp naturel, ce parti nous avait d’abord fait croire qu’il agirait en contrepoids à l’influence d’Ennahdha avant de démontrer ad nauseam que fauteuils et maroquins étaient plus attirants que principes et professions de foi. Tout au long des quinze derniers mois et malgré les gesticulations trompeuses de son chef historique, le CPR s’est plié à toutes les exigences d’Ennahdha jusqu’à en devenir un appareil minuscule sans militants et sans autre projet que l’opportunisme politicien.
L’agression caractérisée de cette députée vitupérante cache mal des ajustements tactiques au sein du CPR et au Palais de Carthage où on se met actuellement en ordre de bataille pour ne pas tout perdre.
Les éminences grises qui entourent Marzouki semblent ainsi avoir défini une stratégie tortueuse digne d’un Orient compliqué alors que nous sommes jusqu’à nouvel ordre au bord de la Méditerranée. On peut observer ce redéploiement et le fil blanc dont il est cousu a l’œil nu quoiqu’en disent les Machiavel de l’homme au burnous.
Ainsi, les attaques contre BCE sont appelées à se poursuivre. Ce faisant, le CPR fait de l’œil aussi bien à Ennahdha qu’au Front populaire. D’autre part, le parti de Marzouki regarde aussi vers le centre et démontre par cette attitude de girouette qu’il n’a d’identité politique que son opportunisme politicien. Le CPR, nous l’avons déjà vu s’allierait avec tout et son contraire pour réaliser les ambitions de son chef et pour ne pas disparaitre de la carte après avoir goûté au pouvoir.
En ce sens, les stratèges du CPR travaillent aussi à rehausser la stature du docteur Marzouki qui en quinze mois de pouvoir est rarement parvenu à se glisser dans le costume d’un chef d’Etat.
Pour ce faire, toutes ses actions récentes sont gonflées par ses lieutenants alors que ses déclarations tendent à induire qu’il serait le chef naturel du camp moderniste, ce qui est une tromperie de Tartuffe.
Essayant de se donner un nouvel élan, Marzouki est actuellement impliqué dans un activisme cynique qui cherche à transformer un énième retournement de veste en un illusoire leadership. L’homme sait que sa survie est à ce prix.
C’est à cette aune qu’il faut entendre les récentes manouvres de Marzouki qui cherche à glisser dans les esprits l’illusion qu’il est maitre du jeu. Ces dernier jours, il a dénoncé un complot contre la Tunisie, consulté leaders partisans et militants historiques laissant entendre que Carthage serait l’épicentre du changement voulu et impulsé par Jebali. Le procédé est le moins que l’on puisse dire discutable surtout lorsqu’il se passe sur fond de funérailles à propos desquelles Marzouki induit qu’il serait le grand ordonnateur de cérémonie.
Tout cela ressemble bien à une fuite en avant strictement politicienne qui n’a rien à voir avec les objectifs de la révolution. Ayant accepté dans les faits d’amoindrir la présidence, Marzouki en est réduit aux calculs cyniques qui soulignent encore plus les ambitions du personnage et aux déclarations fracassantes qui ne font plus que sourire et hausser les épaules.
Dernière en date de ces déclarations, celle qu’il faisait à Strasbourg affirmant au Parlement européen sa détermination à protéger le mode de vie moderniste des Tunisiens. Selon les circonstances, les alliances et les lieux, cela n’aurait étonné personne que Marzouki dise exactement le contraire. Désormais, les Tunisiens voient clair et connaissent bien leur président provisoire. Malheureusement pour lui, il ne trompe plus personne et personne n’attend plus rien de lui…