Aucune place pour la neutralité, la Tunisie doit choisir son camp, c’est ce que nous pouvons comprendre des déclarations du président de l’Assemblée des Représentants du Peuple, faites ce mardi 2 juin à l’agence de presse turque Anadolu.
En effet, lors d’une interview accordée ce mardi 2 juin à Anadolu Agency, le chef du parti Ennahdha Rached Ghannouchi, a estimé que la neutralité passive ne bénéficiera en rien à la Tunisie, appelant à mettre en place une politique étrangère bâtie sur ce qu’il appelle la « neutralité active ».
Revenant sur l’entretien téléphonique avec le chef du gouvernement libyen d’union nationale Fayez Sarraj, Ghannouchi a nié toute intention de rompre avec les traditions diplomatiques tunisiennes, et de rappeler que le dossier libyen pèse lourdement sur la Tunisie.
« La neutralité passive n’a pas de sens, nous devons opter pour la neutralité positive de manière à pousser les protagonistes libyens à trouver une solution politique à leur conflit », a-t-il déclaré.
Rached Ghannouchi a nié, également, toute divergence avec le président de la République Kais Saied, affirmant qu’aucun indicateur ne prouve l’existence d’une telle divergence.
Des positions qui interviennent dans un contexte politique très tendu marqué notamment par une distanciation entre les trois pouvoirs. Car c’est un secret de polichinelle, la relation entre Carthage et le Bardo n’est pas au beau fixe.
En effet, entre Kais Saied et Rached Ghannouchi, ce n’est pas le grand amour, et pour cause des divergences qui traient depuis les négociations portant sur la formation du gouvernement.
Cette relation s’est dégradée davantage suite au dérapage diplomatique commis par le président de l’Assemblée des Représentants du Peuple, Rached Ghannouchi lorsque ce dernier s’est exprimé sur le dossier libyen au détriment de la politique étrangère fixée par Kais Saied optant pour la neutralité diplomatique.
Mais vendredi 29 mai dernier, la présidence de la République annonce dans un bref communiqué qu’une réunion a eu lieu entre les deux hommes, portant sur « l’actualité nationale, mais aussi les dossiers de la région ».
Une réunion qui intervient en effet, suite à une séquence de tension entre les deux hommes mais aussi entre les deux institutions du Bardo et de Carthage. Pourront-nous s’attendre à une sorte de réconciliation entre eux ? ou s’agit-il d’un gap qui est loin d’être comblé ?
En tout cas, il faut rappeler qu’en réaction dérapage diplomatique de Rached Ghannouchi, le président de la République Kais Saied avait souligné que l’Etat tunisien est un Etat indivisible et qu’il est représenté par un seul président aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’étranger.