Le Syndicat des pharmaciens d’officine de Tunisie (SPOT) a confirmé la suspension du régime du tiers payant pour les affiliés de la CNAM, une décision appliquée depuis hier à l’échelle nationale.
Le bureau national évoque l’absence de solutions et de garanties quant aux délais de paiement de la CNAM. Le syndicat appelle l’État à agir rapidement pour éviter une crise plus profonde dans le secteur du médicament.
Suspension actée, pharmaciens à bout de souffle
Le SPOT a réaffirmé, dans un communiqué publié à l’issue de la réunion de son bureau national, son attachement à la décision de suspendre le tiers payant, estimant qu’aucune avancée réelle n’a été réalisée pour résoudre les retards chroniques de paiement de la CNAM.
Selon le syndicat, cette mesure, loin de viser les citoyens, s’inscrit dans une logique de survie : assurer la pérennité financière des pharmacies privées, préserver la chaîne d’approvisionnement, et éviter une rupture dans la disponibilité des médicaments.
Les responsables syndicaux rappellent que les retards ne cessent de s’allonger : deux mois en 2015, 80 à 90 jours en 2019, 110 jours en 2023, plus de 120 jours en 2024, et désormais, dans certains cas, plus de six mois en 2025. Un glissement qualifié de « structurel » par le bureau national, soulignant l’impossibilité pour les officines de supporter davantage de pression financière.
Le SPOT assure néanmoins rester disposé à rétablir le régime du tiers payant si des garanties sérieuses et des mécanismes de financement durable et transparent sont instaurés.
Appel pressant aux autorités
Dans son communiqué, le syndicat appelle directement les autorités compétentes à « assumer pleinement leurs responsabilités » et à intervenir rapidement pour régler la question des paiements en souffrance.
Pour le SPOT, les administrations intervenantes — notamment la CNAM et les structures de tutelle — portent la responsabilité du blocage actuel, faute de réformes engagées et de financements pérennes. Les correspondances officielles adressées depuis des années seraient restées sans réponses concrètes.
Dix ans de retards qui plombent le système
Depuis 2015, les pharmacies privées alertent sur un allongement continu des délais de remboursement, devenu un facteur majeur d’instabilité économique dans le secteur. La relation entre la CNAM et les pharmaciens est régulièrement marquée par des tensions, des avertissements et des menaces de suspension du tiers payant, souvent évitées de justesse.
Cette fois, faute de solution et face à des retards jugés insoutenables, la suspension a été appliquée, ouvrant un nouvel épisode dans un dossier qui reste l’un des plus sensibles du système de santé tunisien.
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