Décidément, le président de la République, en déplacement à Doha pour le sommet arabe, n’arrête plus ses critiques et ses attaques vis-à-vis de l’opposition tunisienne. Intervenant sur Al Jazeera, dans le cadre d’une conférence intitulée «Quelle démocratie pour les pays arabes», Moncef Marzouki continue sa campagne de dénigrement de l’opposition tunisienne.
Il affirme, qu’il a personnellement ouvré à l’ouverture de la Troïka à d’autres partis politiques et qu’il les a invités à discuter avec eux, sans réussite. Selon lui, les partis ont refusé de s’asseoir avec eux, comme si «le diable s’est incarné dans la Troïka».
Le président semble oublier que tous les partis se sont réunis autour de la table de Hamadi Jebali pour trouver une issue à la crise, il semble oublier que c’est Ennahdha et son parti, le CPR qui ont refusé de participer à l’initiative de l’UGTT, il semble oublier que sa main tendue, ne l’était qu’envers certains partis, en excluant volontairement d’autres.
Répondant à une question sur la capacité du gouvernement à instaurer le calme, Moncef Marzouki soutient que l’opposition tunisienne, après avoir obtenu gain de cause sur la neutralité des ministères de souveraineté, a continué à semer la discorde et ne s’est pas montrée reconnaissante envers «la générosité» d’Ennahdha qui par souci de calme et de stabilité a accepté leurs conditions.
Il affirme que la première de leurs revendications est soudainement devenue «insignifiante» pour eux. Le président ne pipe mot sur les autres conditions que l’opposition avait, notamment sur la question épineuse des LPR, de l’audit des nominations partisanes au sein des ministères et d’une neutralité régalienne réelle.
Concernant la supposée implication d’Ennahdha dans l’assassinat de Chokri Belaid, Moncef Marzouki déclare qu’«étant au courant des secrets de l’Etat, accuser Ennahdha est indécent». Moncef Marzouki, connait donc la vérité, les motifs et les acteurs de ce meurtre. Pourquoi ne transmet-il pas les informations qu’il détient au juge d’instruction ?
Le président dénonce aussi la mauvaise foi et la ruse de l’opposition, qui, selon lui, ont atteint un niveau jamais vu dans l’histoire de la Tunisie, et parle des extrêmes qui veulent déchirer la texture du pays. Il parle d’extrême qui «jette de l’huile sur le feu», qui ont recours à la «calomnie», qui refuse la modération. On se demande de quel «extrême» parle-t-il ? S’agit-il des LPR, adeptes de la violence, intouchables, qu’il reçoit à Carthage ? S’agit-il des salafistes, adeptes du takfir, qu’il reçoit aussi à Carthage ? S’agit-il des prêcheurs de haines qui sévissent dans nos mosquées ?
Non, le président de la République, parle tout simplement, des «extrémistes» qui s’opposent à ses idées, qui refusent son suivisme et son alignement sur Ennahdha. Ces mêmes «extrémistes» qui ont soutenu l’initiative de Hamadi Jebali, que lui et son parti ont cherché à saboter à tous prix.
Moncef Marzouki conclut son intervention, par un appel à l’opposition tunisienne, lui demandant un minimum de sagesse et de calme, parce que «cette excitation verbale et ces cris» leur nuiront.
Un appel à la sagesse et au calme d’un président qui n’a pas eu la sagesse de ne pas dénigrer ses opposants depuis l’étranger ou du moins calmement.