C’est le jour du Conseil au ministrot. Rafik entre la tête haute, le buste droit, les idées aux Etats de Seychelles. Il se regarde dans un miroir, confond sa barbiche avec son niveau, se confond en excuses envers sa haute personne, confond son tabouret habituel avec une chaise électrique.
«Une sublime con-fusion», pense Elyès, mal allongé, la tête dans un tabouret, les pieds provisoirement dans un second. Le spectacle électrifiant lui donne des idées. «C’est l’occasion de la précision, la fins des équivoques, de l’incompétence, c’est le jour de la modestie, la gloire de la géographie !».
Il s’esquive un moment, et par la porte d’entrée entrouverte, armé de sa récente affectation, adresse un doux message aux prétendants : «C’est qu’il y a de la place aux Régaliens !»
»Aux Régaliens », partie exclusive du comptoir, en face même de l’écran plat, ses habitués étaient enviés. Mais Elyès n’a guère fait attention. Le bonheur était grand et l’avait rendu aveugle. Rafik ne faisait que l’intéressant, et jouait à celui qui »Someilla Ghannouchi », un jeu de Famille.
A la vue de la précipitation d’Elyès, son acide arachidonique excite en lui l’instinct du double dix cours. «Dix cours, dix cours ! Dare dare le Qatar ! Des balles, des balles, dans ta face de Nord-banlieusard!». Compte à rebours fini, Rafik sort un cadeau de son voyage en Chine, et jette sur Elyès, les balles de ping-pong.
Elyès ne le savait pas : un prédécesseur déchu de ses cinq tabourets, Habib lui promettait des balles et le ratait.
Aujourd’hui, la Famille veut le changement, et relève les défis. Pour survivre, fallait pas toucher aux places de la Famille.