Dans une interview qu’il a livrée à Nessma TV, diffusée ce soir, 30 juillet 2013, après la rupture du jeûne, Beji Caïed Essebssi, Président de Nidaa Tounes, s’est exprimé sur l’actualité bouillonnante qui secoue le pays depuis l’assassinat de Mohamed Brahmi et les solutions à apporter pour le sortir de l’impasse.
Beji Caïed Essebssi pense que malgré l’acuité de la crise, la solution est faisable sous réserve que soit réunie une volonté sincère et ferme de la part de ceux qui sont au pouvoir. Selon Caïed Essebsi, il n’existe pas de solutions miracles ; seuls le dialogue et la concertation peuvent guider à la bonne solution.
Il considère que le compromis ne peut pas avoir lieu sous l’empire d’institutions qui ont échoué dans leur mission et qui ne sont plus crédibles pour conduire la phase de transition conformément aux aspirations du peuple. De ce fait, il a affirmé sa position de principe consistant en la dissolution de l’ANC, la démission du gouvernement et la constitution d’un gouvernement de salut national. Il a rappelé qu’il a avancé cette solution depuis la fin du mandat de l’ANC, en octobre 2012, et qu’il a été critiqué pour avoir osé remettre en cause « la légitimité ». Avec la prolifération de la situation et son aggravation, sa proposition s’est érigée en une revendication largement partagée par la société civile et une bonne partie de la classe politique. Il a exclu le risque du vide politique dont se sont prévalus le gouvernement et le parti au pouvoir pour rejeter la proposition en précisant qu’il existe plusieurs alternatives permettant de l’éviter.
Dans une allusion au discours prononcé hier par le premier ministre Ali Larayedh, B. Caïed Essebssi a précisé que le gouvernement doit accepter de négocier avec l’opposition en tenant compte des revendications exprimées par la société civile au lieu d’user de la menace pour faire taire la voix du peuple. La date du 17 décembre 2013 qu’a fixée le premier ministre pour les élections est impossible à tenir selon B.C. Essebsi. Il a appelé Cheikh Rached Ghannouchi qui est le véritable décideur à assumer ses responsabilités historiques.
S’agissant du discours de Moncef Marzouki qui a appelé à l’unité nationale et à la cohésion, il a indiqué que cet appel aurait dû être lancé bien avant les derniers événements, depuis que la violence a pris de l’ampleur avec le lynchage qui a causé la mort de Lotfi Naghd dont les agresseurs semblent bénéficier de la clémence de la Justice.
Beji Caïed Essebssi pense qu’il n’est jamais trop tard pour sauver les meubles et que la Troïka dispose d’une dernière chance pour l’intérêt du pays et des Tunisiens. Pour ce faire, elle doit se démarquer de son attachement obsessionnel au pouvoir et s’impliquer dans le processus de sauvetage qui lui est requis.
À propos des événements en Égypte, il a préféré ne pas trop s’étaler en se limitant à dire que le contexte en Tunisie ne favorise pas la transposition du scénario égyptien.