Le Premier ministre a écrit, officiellement, au ministère de l’Intérieur pour lui demander d’ouvrir une enquête à propos du témoignage télévisé d’un citoyen livré au sujet de l’attentat perpétré à Jendouba, selon des sources à la présidence du gouvernement relayées par l’agence TAP.
Dans ce témoignage, le citoyen, résidant près du lieu où s’est produit l’attentat, affirmait qu’il aurait aperçu, alors qu’il rentrait chez lui vers 20 heures, cinq individus portant des habits militaires et qui se sont cachés dans le domicile de Ragheb Ben Hassen, un des terroristes identifiés dans l’opération.
Ayant eu des doutes sur leur attitude, il s’est présenté au poste de police à Jendouba pour faire part de ses suspicions. Mais d’après Souheil Klai, officier à la garde nationale qui participait à l’émission de télévision au cours de laquelle le témoignage a été présenté, la déposition n’a pas été communiquée aux autorités concernées. Le témoin a ajouté qu’il avait été convoqué par la garde nationale, le lendemain de l’attentat, pour être auditionné sur ce qu’il aurait vu et constaté le jour des faits.
En ordonnant l’ouverture d’une enquête dans ce cadre, le but recherché, quoique non précisé dans l’information publiée, est de vérifier les raisons pour lesquelles il n’a pas été donné suite au témoignage du citoyen. La suite requise aurait pu être la saisine des autorités chargées de la lutte antiterroriste qu’elles prennent les mesures adéquates.
La surveillance des lieux et la prise d’assaut du domicile suspecté auraient pu non seulement déjouer l’attentat mais aussi permis de recueillir des informations sur le réseau impliqué. La non prise en considération de ce témoignage pourrait être une négligence qui a coûté très cher en termes de vies humaines comme elle peut avoir d’autres explications que les résultats de l’enquête pourront révéler en temps utile.
L’intervention du chef du Gouvernement autour de ce témoignage est, a première vue, purement administrative. Mais la manière et le contexte suscitent quelques interrogations. En effet, il est, en principe, du ressort du ministre de l’Intérieur d’initier des enquêtes sur les actes et les faits commis par les fonctionnaires du ministère.
Mais rien n’empêche le Premier ministre, en tant que plus haute autorité hiérarchique dans l’administration, de fournir des instructions dans ce cadre. Seulement, il n’est pas d’usage dans la pratique de l’administration que les instructions dans ce genre de questions soient constatées par écrit et que cet écrit qui porte sur une affaire aussi délicate, fasse l’objet d’une communication au public.
Généralement, le recours à l’écrit dans les relations entre ministères s’impose soit dans le cas où la réglementation le prévoit soit pour conserver la trace qui prouve qu’on a assumé ses responsabilités soit également pour mettre en garde contre une carence.
Quant à la communication au public d’une activité intra-administrative, elle se justifie lorsqu’il s’agit d’édifier sur une situation d’intérêt général, de fournir des réponses à des questions pressantes qui se posent dans l’opinion publique ou de prendre celle-ci à témoin.
Dans le cas de cette enquête, la médiatisation pourrait être un prélude à des décisions importantes à l’instar de celles pressenties par Touhami Abdouli ex-membre du bureau politique à Ettakatol.