Les graves incidents qui ont touché l’ambassade américaine à Tunis, et ayant abouti à l’invasion de la représentation diplomatique US et la mort de quatre assaillants sans oublier les innombrables blessés, semblent avoir provoqué une véritable onde de choc, non seulement sur la population entière, mais aussi sur la classe politique, désormais très inquiète par la tournure prise par les évènements.
Cette prise de conscience des grands et réels dangers menaçant la stabilité sociale et la concrétisation de l’idéal démocratique dans notre pays parait surtout avoir mis la puce à l’oreille de l’une des parties de la Troïka, le FDTL de Mustapha Ben Jaafar, qui semble de plus en plus mal à l’aise dans son rôle parmi les trois partis qui gouvernent.
Déjà, les rumeurs d’une éventuelle sortie des ministres du FDTL avaient nourri les discussions politiques à la fin de la semaine écoulée démontrant le malaise grandissant des militants de ce parti suite aux excès commis par les Salafistes notamment. Certes, ces rumeurs furent ensuite démenties mais l’appel aujourd’hui du FDTL de s’orienter vers un gouvernement d’Union Nationale nous amène à croire en la véracité de cette hypothèse.
Cet appel fut suivi, par la suite dans la journée, par la réponse du premier ministre, Hamadi Jebali, une question qui lui a été posée par une journaliste à propos de cet appel. Eh bien, et comme à son habitude, la réponse fut énigmatique. Elle provoque plus la polémique qu’elle n’ouvre la porte à une éventuelle union sacrée de tous les Tunisiens.
Hamadi Jebali a indiqué que l’Union Nationale ne signifie pas automatiquement l’entrée au gouvernement, que celle-ci n’est qu’un mécanisme parmi tant d’autres, mais que cette union nationale peut se concrétiser par la compréhension mutuelle en prenant en considération les intérêts du pays.
Autrement dit, intégrer le gouvernement ne constitue pas une nécessité mais que d’autres techniques et d’autres moyens pouvaient être mis en place pour atteindre cette union nationale.
A cet appel, il convient de remarquer que le parti républicain ne semble pas très chaud à intégrer le gouvernement. Bien au contraire, il parait s’orienter vers la constitution d’un gouvernement formé de technocrates pour mener le pays après le 23 octobre.
Une autre alternative serait désastreuse pour le devenir politique du parti républicain, pour son image et sa crédibilité en tant qu’alternative à la Troïka.
Il est évident que celle-ci se sent de plus en plus impuissante à gouverner seul. Son échec dans le traitement des dossiers sensibles comme la sécurité, la gestion des affaires économiques ou sociales ainsi que l’approche de l’échéance du 23 octobre font craindre le pire.
La Troïka a décliné auparavant toutes les propositions émanant de l’opposition, cette dernière a appelé à la mise en place d’une feuille de route claire, ou même de la société civile, rappelez-vous l’initiative de l’UGTT qui a été bien accueillie par la majorité des partis politiques du pays mais qui n’a jamais pu voir le jour alors qu’elle aurait certainement pu contribuer à assainir le climat politique, mais elle se retrouve aujourd’hui acculée à chercher d’autres alliés.
Les trouvera-t-elle ?
Difficile à dire dans l’état actuel des choses. A moins qu’elle ne veuille pas faire de cette proposition une simple question technique mais une question éminemment politique qui marque son échec dans la direction et la gestion des affaires du pays. Si l’opposition accepte moins que cela, elle risque d’y laisser son âme !
Trop peu, trop tard ! C’est en quelque sorte le qualificatif que l’on peut attribuer à cette proposition…