« Les forces de sécurité tunisiennes doivent s’abstenir de recourir à une force inutile et excessive pour disperser les manifestants descendus dans les rues de la capitale et de plusieurs gouvernorats afin de dénoncer la marginalisation, les violences policières, la pauvreté et l’absence d’opportunités en termes d’emploi », a dénoncé Amnesty International, dans un communiqué publié ce lundi 18 janvier 2021.
« Même face à des actes de vandalisme et de pillage, les forces de l’ordre ne doivent recourir à la force que lorsqu’elle est absolument nécessaire et proportionnée. Rien n’autorise les forces de sécurité à déployer une force inutile et excessive, y compris lorsqu’elles font face à des actes sporadiques de violence », a déclaré Amna Guellali, directrice régionale adjointe pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International.
En faisant référence aux violations du couvre-feu, aux manifestations qui ont dégénéré et laissé place à des actes de violence, aux pillages, aux actes de vandalisme et à l’arrestation de 630 personnes, Amnesty appelle « les autorités tunisiennes à libérer immédiatement Hamza Nassri Jeridi et de toute personne arrêtée uniquement pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique ».
Amnesty International rapporte également les témoignages de deux manifestants. Selon eux, le 18 janvier, la police a dispersé un rassemblement pacifique organisé en solidarité avec les manifestants et contre les violences policières dans le centre-ville de Tunis. Et des policiers ont attaqué les manifestants pacifiques à coups de matraques et de gaz lacrymogènes pour disperser le rassemblement, arrêtant le défenseur des droits humains Hamza Nassri Jeridi, qui manifestait sans violence.
Amnesty évoque également « des vidéos inquiétantes diffusées en ligne montrant des policiers en train de frapper et de traîner les personnes qu’ils arrêtent » et appelle « les organes chargés de l’application des lois, notamment au parquet, de ne pas détenir les manifestants lorsque cela est possible, en libérant toutes les personnes arrêtées de manière arbitraire et en remettant en liberté provisoire toutes celles qui pourraient faire l’objet de poursuites dès lors qu’il existe des preuves manifestes d’infractions prévues par la loi ».